Interview - Guy-Marcelin Kilama, le lion indomptable des Chamois niortais

Guy-Marcelin Kilama est l'une des révélations de Ligue 2 avec Niort.
Guy-Marcelin Kilama est l'une des révélations de Ligue 2 avec Niort. / Getty Images
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Méconnu du grand public, Guy-Marcelin Kilama s'est imposé comme le patron de la défense des Chamois Niortais. Perçu comme l'un des joueurs les plus prometteurs de Ligue 2, le Camerounais de 21 ans nourrit légitimement de grandes ambitions. Entretien exclusif, avec un lion aux crocs acérés.


Sauvé de justesse la saison dernière (18ème et barragiste avant l'interruption liée à la pandémie de coronavirus), Niort est bien plus serein lors de cet exercice. Solidement installés dans le milieu de tableau (12ème avec 30 points), les Chamois profitent grandement de l'éclosion de Guy-Marcelin Kilama, devenu le patron de la défense niortaise.

"J’ai travaillé et fait preuve de patience et de persévérance pour avoir ce statut. Je ne suis encore qu’au début. "

Guy-Marcelin Kilama, en exclu pour 90min

Le prélude à l'École des Brasseries

Pour comprendre l'émergence d'une des révélations de Ligue 2 cette saison, un détour par Douala, la ville de naissance de Guy-Marcelin, est primordial.

Formé à la célèbre École des Brasseries, où les emblématiques Rigobert Song et Samuel Eto'o, ou plus récemment Vncent Aboubakar, Clinton Njiie et Ignatius Ganago ont été polis, Kilama a toujours été un diamant destiné à devenir footballeur professionnel.

Avant de rejoindre nice et d'exploser à Lens, Ignatius Ganago a fait ses classes à Douala à l'École des Brasseries.
Avant de rejoindre nice et d'exploser à Lens, Ignatius Ganago a fait ses classes à Douala à l'École des Brasseries. / LOIC VENANCE/Getty Images

"Mon temps à l’École des Brasseries, c’est la meilleure période de ma vie. C’est là-bas que tout a commencé."

G-M. Kilama

Plus qu'une école de football, l'académie de Douala a été une véritable école de la vie : "J’ai commencé à jouer dans la rue et ils sont venus me chercher à 13 ans. Ils m’ont éduqué, ils m’ont formé, ils m’ont appris à devenir un homme. Ce sont des souvenirs que je n’oublierai jamais. C’est gravé !"

Indéniablement talentueux, le jeune défenseur se fait repérer très tôt par des clubs français "lors de tournois organisés par l'École des Brasseries, où ils faisaient venir des recruteurs", se remémore le jeune Camerounais.

"Il y avait Bordeaux et Niort qui ont montré leur intérêt. Au début c’était Bordeaux qui était venu, mais ça ne s’est pas fait. "

G-M. Kilama

L'acclimatation express à Niort

À défaut de signer aux Girondins, le jeune défenseur rejoint en 2018 un club plus modeste, mais également plus propice à une éclosion rapide : Niort.

"L’acclimatation, mis à part le climat, s’est bien passée (rire), nous assure-t-il. À l’École de football des Brasseries, on nous enseignait les bases tactiques du football européen, j’étais déjà bien formé et je n’ai eu aucun mal à m’adapter."

À peine arrivé sur le Vieux Continent, Kilama fait déjà forte impression avec les U19 niortais :

"J’ai même pas fait deux mois avec les U19, qu’on m’a directement promu avec les pros, où je m’entraînais avec l’équipe première. "

G-M. Kilama

Son ascension fulgurante atteint son premier pic le 3 août 2018, où il effectue ses débuts professionnels en Ligue 2, lors d'une victoire 4-2 face à Clermont. 25 petites minutes, suffisantes pour démontrer ses qualités : "La puissance et ma détente. Je suis aussi assez rapide et explosif et pour un défenseur j’ai une bonne technique".

Un baptême du feu, où il entre en jeu à un poste inhabituel pour lui : arrière droit.

"Je peux jouer défenseur central, arrière droit et milieu défensif, souligne le polyvalent camerounais. Au Cameroun, je jouais en 6 ou défenseur central donc ce sont mes postes de prédilection, mais à Niort j’ai appris à jouer latéral. Avant je n’avais jamais joué arrière droit, mais en écoutant attentivement les consignes du coach, comment se positionner, comment se projeter, j’ai réussi à maitriser ce poste".

Le patron de la défense chamoise

Bien que freiné par une blessure aux ischio-jambiers, Kilama poursuit son irrésistible ascension. Lors de la saison 2019-2020, il devient graduellement un titulaire (14 titularisations) et inscrit son premier but en pro face à Grenoble, le 14 février 2020.

"J’ai toujours cru en mes qualités. Je savais qu’en étant concentré et en travaillant plus j’allais y arriver."

G-M. Kilama

Cette saison, l'international U23 camerounais a franchi une nouvelle étape en s'imposant comme le patron de la charnière niortaise. "J’ai travaillé et j’ai fait preuve de patience et de persévérance pour avoir ce statut, met-il en exergue. Je ne suis encore qu’au début, chaque match, j’engrange de l’expérience et je progresse".

Un départ cet été ?

Auteur de 20 matchs cette saison et évalué à 600.000€ selon Transfermarkt, les prestations de Kilama ne laissent pas insensibles à l'échelon supérieur, comme ailleurs en Europe (Portugal, Espagne, Allemagne...).

"Mon ambition première c’est de maintenir le club. Après, bien sûr, c’est d’enchaîner les bons matchs pour attirer les regards et, pourquoi pas, rejoindre un plus grand club cet été."

Visant légitimement la Ligue 1, le natif de Douala admet rêver de deux championnats :

"La Premier League et la Bundesliga... ça fait rêver. "

G-M. Kilama

Avec une préférence pour l'Allemagne : "Upamecano, les jeunes de Paris… il y a plein d’anciens du championnat de France qui s’éclatent en Allemagne. C’est un championnat que j’adore regarder et qui me correspond."

La CAN 2022, le rêve d'une vie

Le choix de son futur club déterminera également son avenir avec les Lions Indomptables. International U23, Guy-Marcelin Kilama attend encore sa première convocation avec les hommes du sélectionneur Antonio Conceição.

À l'horizon, un autre rêve assumé : la CAN, qui sera disputée au Cameroun, du 15 janvier au 28 février 2022.

"Jouer pour son pays, c’est ce qui a de plus beau. J’ai eu la chance de jouer la CAN U23 avec le Cameroun et maintenant mon rêve c’est de jouer la prochaine CAN, au pays, avec les A. "

G-M. Kilama

"Imagine, imagine. Mon père, ma mère, ils ne m’ont jamais vu jouer un match en professionnel et là ils auraient l’opportunité de me voir défendre les couleurs de mon pays… ce serait juste incroyable, ose-t-il imaginer avec émotion.

"Je vais tout faire pour ! Je sais que si on me donne cette chance, je la saisirai direct. J’ai trop confiance en moi, je sais que j’en suis capable. Si on me sélectionne avec les A, on pourra plus m’en sortir", prévient-il avec assurance et détermination.

Un discours démontrant que Guy-Marcelin Kilama a bel et bien l'étoffe d'un lion indomptable...