Histoire d'Euro : Et Trezeguet délivra l'Équipe de France face à l'Italie

David Trézeguet après son but en or face à l'Italie.
David Trézeguet après son but en or face à l'Italie. / PATRICK HERTZOG/Getty Images
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Une demi-volée pour l'histoire. David Trezeguet a définitivement inscrit son nom au Panthéon du football français en ce 2 juillet 2000. Au terme d'un scénario mémorable face à l'Italie, le futur joueur de la Juventus fait parler son instinct de buteur pour permettre à l'Équipe de France de réaliser un doublé historique. Retour sur le plus légendaire des buts en or.


Si la première étoile de l'Équipe de France lors du Mondial 1998 porte le sceau de Zinédine Zidane, le sacre lors de l'Euro 2000 est indissociable de David Trezeguet.

Buteur en phase de poules lors de sa seule titularisation face aux Pays-Bas (3-2), rien ne prédestinait le buteur en partance pour la Juventus à une telle consécration.

"Ce que je ressens à ce moment-là, ce n'est pas évident à exprimer. Ça a été quelque chose de vraiment fort, de fantastique. Le temps passe et on me parle toujours de ce but", soulignait-il dans les colonnes de France Football. Et comme tout but légendaire, on ne pouvait s'empêcher de "toujours en parler".

Les Italiens prêts à exulter

Après avoir éliminé l'Espagne en huitièmes (2-1) et le Portugal en quarts (2-1 après prolongations), où Zidane a encore joué les premiers rôles, les Bleus ont rendez-vous en finale avec la Squadra Azzura, avec qui elle est en train de bâtir une rivalité exacerbée.

Invaincus dans cette compétition, les Italiens de Cannavaro, Nesta et Paolo Maldini impressionnent par leur solidité défensive (2 buts concédés jusqu'en finale). En attaque, les hommes de Dino Zoff peuvent compter sur les légendaires Pippo Inzaghi, Alessandro del Piero, ou encore Francesco Totti.

En bref, du très lourd. Et malgré un statut de champion du monde en titre, les Français sont bousculés à Rotterdam et leur statut de favoris vole en éclats à la 55ème minute, au moment où Marco Delvecchio ouvre le score pour l'Italie.

Les minutes passent, les espoirs d'un doublé historique s'amenuisent inexorablement pour les Bleus. Sur le banc, les joueurs italiens sont prêts à exulter. "Nous étions tous debout, prêts à envahir le terrain pour célébrer", se souvient avec amertume Stefano Fiore, interrogé par Eurosport et titulaire au poste de milieu défensif ce soir-là.

"Les Italiens nous l'avaient vraiment fait à l'italienne. Mais on les a battus à l'allemande."

Bixente Lizarazu, France Football

"Tout de suite, en arrivant sur le banc, je découvre une tension, énorme, terrible, avec les Italiens qui, visiblement, chambraient depuis qu'ils menaient 1-0", se rappelle quant à lui Bixente Lizarazu, lors d'un entretien à France Football.

L'offrande à Wiltord en prélude

Roger Lemerre se montre alors audacieux et lance Sylvain Wiltord (56'), David Trezeguet (76') et Robert Pirès (85').

"Je ne sais pas si tu vas me croire, mais quand je vois que je vais rentrer, je me dis que ça ne sert à rien et que je ne vais rien apporter, nous confiait Pirès lors d'un entretien exclusif. Je me dis que c'est la finale, on perd 1-0 et en face c'est l'Italie. Et généralement face à eux, à 1-0 c'est fini. Mais après ça, je ne sais pas ce qu'il s'est passé. J'ai envie de te dire que c'est la magie du football. Les trois changements de Roger Lemerre ont été décisifs."

Le terme "coaching gagnant" est un euphémisme. Le sélectionneur des Bleus vient de réaliser un coup de maître.

"Quand (Roger) Lemerre a décidé de me faire entrer, cela se passait mal et il m'a demandé de trouver une solution, se remémore Trezeguet. La première, ça a été la déviation pour le but de (Sylvain) Wiltord (90e+4). Et après, ça a été de marquer (103e)."

Un but en or pour la légende

Viennent alors les prolongations, où le spectre du but en or pèse sur les deux nations.

"Quand nos coéquipiers sont venus vers le banc avant de disputer la prolongation, on a essayé de les remotiver. Il y avait évidemment beaucoup de dépit, surtout chez les remplaçants, témoignait Stefano Fiori. On ne voulait plus penser à cette égalisation qui, en quinze secondes, avait changé le monde. Mais après le but de Wiltord, nous avons compris que la victoire était compromise."

"Mon but a marqué l'histoire."

David Trezeguet, France Football

Toute histoire a besoin d'un héros. En ce 2 juillet 2000, David Trezeguet endosse ce rôle principal à merveille.

"Je n'ai pas vraiment réfléchi, j'ai juste pensé à bien me placer. Robert Pirès fait l'action et puis je la reprends du pied gauche, comme elle vient. C'est un but exceptionnel, plein de beauté. Et c'est le plus important, celui qui donne la victoire à l'équipe. Mon but a marqué l'histoire de façon importante."

La France vient tout simplement de réaliser le doublé Coupe du Monde - Euro. Un exploit unique à l'échelle du football, avant que l'Espagne repousse les frontières du possible à partir de 2008.

"Quand David Trezeguet met son but en or, c'est la folie, c'est incroyable. Ce but, cette volée du gauche qui troue le filet du gardien italien, il vient de nulle part, retrace Youri Djorkaeff, dans les colonnes de France Football. Réaliser le doublé Coupe du monde-Euro, on ne pouvait pas aller plus haut, on était au summum de ce que pouvait faire un joueur international. Je pense qu'on était intouchables. C'est le sentiment qu'on avait."

Après ce but en or mythique, le franco-argentin quittera l'AS Monaco pour rejoindre la Juventus, où il ajoutera quelques chapitres à sa légende.