Emiliano Martinez : "Je veux gagner une Coupe du monde avec l'Argentine"

Emiliano Martinez revit à Aston Villa après 10 années compliquées chez les Gunners, prêté un peu partout
Emiliano Martinez revit à Aston Villa après 10 années compliquées chez les Gunners, prêté un peu partout / Visionhaus/Getty Images
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Parti il y a plus de 10 ans de son Argentine natale pour rejoindre Arsenal, l'ancien gardien des Gunners, qui ne s'y est jamais vraiment imposé, explose cette saison avec Aston Villa à l'âge de 28 ans.

Dans un entretien exclusif accordé à nos confrères de
90min en Amérique Latine, Emiliano Martinez revient sur son aventure européenne et son envie d'arborer le maillot de la sélection argentine.

Arrivé en Europe en 2010, Martinez débarque dans l'une des meilleures équipes d'Angleterre avec l'envie de s'y imposer. Rien ne se passera comme prévu et le gardien argentin multipliera les prêts (6 exactement) avant d'être finalement transféré à Aston Villa cette saison avec qui il revit.

Le gardien de 28 ans, qui ne compte aucune sélection avec l'Albiceleste revient pour 90min sur ses envies d'être champion du monde, de ses années à Arsenal et de son rebond à Aston Villa mais aussi de Jack Grealish et de son succès sur Fantasy, un jeu de simulation sur la Premier League très à la mode outre-Manche équivalent à MonPetitGazon en France et sur lequel le portier des Villans a beaucoup de succès.

Quel effet cela fait d'être le gardien de but le plus sélectionné dans Premier League Fantasy ?

Vous n'imaginez pas les commentaires que j'ai reçu sur Fantasy. Les gens me disent "quel nombre de points tu as marqué aujourd'hui" ou alors "je t'ai mis capitaine", c'est incroyable le nombre de personnes qui jouent à ce jeu. On m'a souvent répété que j'étais le gardien de but avec le plus de points dans le jeu et le premier à atteindre 100 points, je vais devoir m'y mettre.

Tu côtoies Jack Grealish comme coéquipier à Aston Villa, à quel point est-il talentueux ?

La vérité, c'est un crack. D'abord parce qu'il est le capitaine de l'équipe et ensuite parce que c'est un joueur naturellement doué. Il y a des joueurs qui ont un talent inné comme Messi et d'autres qui le créent comme Cristiano Ronaldo. J'ai lu un article de Guardiola qui disait que Foden est l'Anglais le plus talentueux qu'il ait vu dans sa carrière et pour moi, le joueur le plus talentueux que j'ai vu dans ma vie est Jack Grealish.

A qui ressemble-t-il dans son jeu ?

C'est difficile de comparer. Il a des facilités comme Messi, qui passe 3 ou 4 joueurs sur un ballon, il me rappelle un joueur très sud-américain. On peut aussi le comparer à Neymar en terme de facilité, puis il a un physique privilégié en plus d'un talent rare.

Jack Grealish est l'un des plus grands talents d'Angleterre
Jack Grealish est l'un des plus grands talents d'Angleterre / Pool/Getty Images

Il semblerait que passer d'Arsenal a Aston Villa ait été une réussite...

Oui, et je n'en ai jamais douté. Beaucoup de gens m'ont dit qu'Aston Villa avait été sauvé l'année dernière d'un point, que c'était un club de seconde zone, mais l'histoire dit que c'est un grand club. Ces dernières années, ils n'étaient pas stable, mais quand j'y suis allé, à aucun moment je n'ai pensé à rester seulement en Premier League, j'avais aussi comme rêve de me qualifier pour l'Europe, de ramener Villa son statut d'antan. C'était une décision prise commune, de mon agent, ma famille et moi même, et était la meilleure pour ma carrière. On ne sait jamais comment ça va se passer, mais il était clair pour moi que je devais quitter Arsenal. Aujourd'hui, je peux dire que j'ai pris la bonne décision.

Comment as-tu vécu le fait de passer de vainqueur de la F.A. Cup en tant que titulaire en finale à devoir quitter Arsenal ?

Nombreux sont ceux qui n'aiment pas prendre de risques, et qui restent dans leur zone de confort. Ce n'est pas qu'on ne m'ait pas garanti que je serais le numéro un d'Arsenal ou que je ne jouerais pas, au contraire, le club m'a proposé un nouveau contrat et je n'ai pas voulu prolonger. Mon désir était de quitter Arsenal par la grande porte, pas par la petite, et quoi de mieux que de partir après dix ans en gagnant deux titres."

J'en ai discuté avec ma famille et j'ai dit "c'est maintenant, il n'y a pas de meilleure façon de dire au revoir". Personne ne comprenait pourquoi, car j'étais au top de ma forme au club, mais j'ai décidé de partir parce que je n'étais pas assuré d'être dans les buts à chaque match. Je ne voulais pas avoir le doute de devoir attendre 20, 30 matchs pour jouer, alors j'ai décidé d'aller dans un club un peu plus petit en théorie et de jouer tous les matchs. Jouer en Premier League chaque match pour une équipe comme Aston Villa est incroyable.

Que t'a dit Arteta avant de partir ?

Il m'a dit qu'il ne pouvait pas garantir de titulaire en attaque, au milieu de terrain ou dans les cages. Le mardi il disait : "vous vous entraînez bien et le vendredi vous saurez qui joue". J'avais gagné deux titres en jouant à un haut niveau et il ne m'a pas assuré que j'allais jouer le samedi. Face à ce doute, je lui ai envoyé un message et lui ai dit merci pour tout mais que je partais. Il m'a ensuite aidé à partir, comme je le souhaitais. Je suis là où je suis grâce à Arteta.

Emiliano Martinez et Arteta après la demi-finale de FA Cup
Emiliano Martinez et Arteta après la demi-finale de FA Cup / Sebastian Frej/MB Media/Getty Images

Quelles sont tes ambitions avec Aston Villa cette saison ?

Quand je suis arrivé ici, j'avais trois objectifs : terminer dans les cinq ou six meilleurs totaux d'arrêts du championnat, dépasser les 10 clean-sheets et me qualifier pour la Ligue Europa avec l'équipe. Nous avons déjà fait les 10 clean sheets, nous sommes proches de l'Europe et de réaliser tous nos objectifs. Je pensais que c'était quelque chose de très difficile à réaliser et maintenant, à plus de la moitié du championnat, cela devient une réalité.

Quels étaient les objectifs du club quand tu es arrivé ?

À mon arrivée, j'ai parlé au Président et il m'a dit que l'idée était d'être dans le top 4 ou 5 dans les 4 prochaines années. Ils se construisent sr une base de deux ou trois mercato d'été pour investir et atteindre les hauteurs du classement en Premier League. C'est pourquoi j'avais aussi l'ambition de venir ici, parce que c'est une équipe en progrès et qui a investi pour de bonnes choses.

Qui sont les meilleurs gardiens du championnat anglais selon toi ?

Alisson Becker a tout gagné l'année dernière avec Liverpool, Ederson correspond très bien à Manchester City car il un très bon jeu de pied et se montre solide sur le peu d'occasions adverses. Il y a beaucoup de gardiens de but qui sont faits pour leur club et c'est ce que montrent les résultats. Je me suis bien intégré à Villa, Alisson ou Ederson l'ont également très bien fait avec leur club.

A quoi doit se préparer le gardien d'Aston Villa par rapport aux gardiens des autres équipes ?

On subit beaucoup plus de tirs. Plusieurs fois, j'ai conservé un clean-sheet, en encaissant 7 ou 8 tirs cadrés par match et 20 hors du cadre. C'est arrivé une ou deux fois que j'ai peu de travail à faire mais la majeure partie du temps, j'ai pris des buts car on subit beaucoup. Nous avons une grande défense, neuve, jeune et en plein développement.

Ce que je veux dire c'est qu'il est plus facile de marquer contre Villa que contre City. C'est très difficile de marquer contre eux, comme contre Liverpool. Nous avons inscrit 7 buts en un match contre eux, mais c'était un de ces matchs qui n'arrivent pas tous les jours. Normalement, vous avez une ou deux occasions et vous devez les saisir. Nous avons moins le ballon mais quand nous l'avons, nous attaquons très bien.

Emiliano Martinez sous les couleurs d'Aston Villa
Emiliano Martinez sous les couleurs d'Aston Villa / James Williamson - AMA/Getty Images

La Premier League compte beaucoup de grands attaquants, il en existe un qui ne te laisse pas dormir avant de l'affronter ?

Je n'y pense jamais car j'ai beaucoup confiance en moi et j'aime jouer contre les meilleurs. On a joué contre Arsenal et il y avait Aubameyang qui est l'un des meilleurs du monde, contre Liverpool, il y a Salah, Mané et Firmino, à City, il y a Jésus, Foden ou De Bruyne, à Chelsea, il y a Giroud, Havertz et Werner. A Tottenham, vous avez Harry Kane, Son, si vous pensez à qui vous allez affronter, vous en pre ndrez cinq à chaque match.

Marcelo Bielsa a révolutionné Leeds, que penses-tu de lui et aimerais-tu l'avoir comme entraîneur un jour ?

S'il y a bien un entraîneur contre lequel j'aime jouer, c'est Bielsa. J'ai joué contre lui quatre fois depuis que je suis en Angleterre et ce sont des matchs super compliqués, aller-retour, ils sont impressionnants. Vous savez que jouer une équipe de Bielsa, c'est comme aller à la guerre.

Il m'a battu deux fois, je l'ai sorti en quarts de finale de la coupe, et je veux toujours le battre parce que c'est quelqu'un pour qui j'ai beaucoup de respect et d'affection en raison de ce qu'il a généré dans le football et de ce qu'il représente pour le peuple argentin. Un jour, j'aimerais jouer pour son équipe.

Le prochain rassemblement avec l'Argentine approche contre l'Uruguay et le Brésil, tu te vois dans la liste de Scaloni ?

Je ne sais pas, nous avons un groupe de 4 ou 5 gardiens de haut niveau. Marchesin, Musso, moi ici en Europe, Andrada et Armani également. Il s'agit d'un groupe de joueurs qui ont été convoqués au cours des cinq ou six dernières années et c'est l'entraîneur qui prend la décision. C'est lui qui en sait le plus et qui que ce soit qu'il choisisse, évidemment, personne ne va s'énerver.

Emiliano Martinez a été convoqué aux deux derniers rassemblements mais ne compte toujours aucune apparition avec l'Albicéleste
Emiliano Martinez a été convoqué aux deux derniers rassemblements mais ne compte toujours aucune apparition avec l'Albicéleste / Gustavo Pagano/Getty Images

Tu penses à disputer la Copa America ? Cela pourrait-être un tremplin pour la Coupe du Monde 2022 ?

Comme tout footballeur argentin, je veux faire partie de l'équipe nationale et participer à de grandes compétitions. C'est mon rêve et c'est pourquoi je vais jouer chaque match en Premier League pour avoir une chance, pas seulement d'y aller mais d'y jouer. J'ai promis à mon père que j'allais jouer en équipe nationale et je n'arrêterai pas tant que je n'aurai pas tenu cette promesse.

Quels autres rêves te restent-ils à accomplir avant la fin de ta carrière ?

Je veux gagner une Coupe du monde avec l'Argentine. La Copa America ou la Coupe du monde, c'est ce à quoi j'aspire, gagner un titre international avec l'équipe nationale. C'est ce que j'ai demandé à Dieu, ce que j'ai promis à ma famille et ce que j'ai l'intention de réaliser.