Prélude de la chute annoncée d'Aurelio De Laurentiis avec Naples
Par Morgan Piot
Le producteur de cinéma et dirigeant napolitain s'est attiré les foudres des tifosi qui ne supportent plus la gestion de cette crise en interne. De nombreux mouvements sont attendus cet été.
En conflit ouvert avec certains cadres de l'équipe napolitaine, Aurelio De Laurentiis, de nature sulfureuse, a toujours eu la langue bien pendue. Impassible face au comportement soi-disant détestable de certains joueurs, le président du Napoli a sonné la révolte en prenant des mesures drastiques en novembre 2019, condamnant au passage la bonne santé sportive d'un club calibré pour jouer les premiers rôles en Serie A.
L'imbroglio napolitain
Pour mieux comprendre ce contexte délétère qui a conduit les Napolitains à une anecdotique sixième place en Serie A, à 15 points du podium, il suffit de remonter à fin novembre 2019 en marge d'une rencontre de Ligue des Champions contre Salzbourg (1-1). Ce soir-là, une violente altercation éclate entre Allan et Edo, le fils d'Aurelio De Laurentiis et le vice-président du club italien. Une dispute qui fait suite à une série de mesures radicales mise en place par le patron napolitain qui avait notamment décrété une mise au vert au sortir d'une défaite face à l'AS Roma quelques jours plus tôt.
Défait à cette période pour la troisième fois de la saison, Aurelio De Laurentiis avait invectivé ses joueurs, imposé une mise au vert et s'était attiré la fronde de tout un vestiaire.
""L'équipe sera mise au vert jusqu'à dimanche avant les départs en sélection. Je n'ai pas de leçon à donner à Ancelotti, c'est un grand entraîneur, le problème vient du groupe, il n'y a pas d'osmose. Cela dépend des joueurs qui doivent trouver la motivation. Et pas seulement contre Salzbourg et Liverpool. (...) Lors de ces matchs, on a vu une autre équipe mais ça ne doit pas être ponctuel.""
- A. De Laurentiis
Dans un contexte électrique, le chef de file du Napoli ne se doute pas à un seul instant qu'il va perdre l'appui de Carlo Ancelotti, qui va réprouver l'action menée contre les joueurs. La naissance d'une crise interne sans précédent, qui va prendre une autre dimension suite à l'impulsivité du président napolitain.
De Laurentiis dégaine avec la justice
Afin de rappeler qui est le véritable patron du club, Aurelio De Laurentiis engage plusieurs procédures judiciaires à l'encontre de certains joueurs en réclamant des indemnités suite à la grève enclenchée par des cadres de l'équipe. En ligne de mire, le milieu brésilien Allan, accusé d'être l'instigateur de ce mouvement protestataire.
Dans cette affaire, le président napolitain entend bien s'indemniser en sanctionnant financièrement Allan à hauteur de 50% de son salaire mensuel, soit environ 200.000 euros. Une "amende" qui dégonfle de 25% pour les autres membres de l'effectif à l'image de Dries Mertens.
Toujours plus déterminé à éradiquer la 'gangrène' qui pollue et ternit l'image du club, Aurelio De Laurentiis envisage alors au mercato hivernal de faire une grande lessive où plusieurs joueurs sont invités à faire leurs valises. Un nouveau cap est franchi. Une nouvelle limite est dépassée. Et le club ne s'en relèvera pas.
Un retournement de situation ?
En attendant une reprise de la Serie A aux alentours de mi-juin, Naples s'attarde à préparer le prochain mercato estival.
Selon les dernières informations de la Gazzetta dello Sport, Aurelio De Laurentiis aurait accepté d'ouvrir les discussions avec plusieurs cadres de l'équipe. Au programme, les différents acteurs ont abordé une éventuelle prolongation de leur contrat, l'annulation de tous les recours judiciaires (amende, droit à l'image) ou encore la possibilité d'obtenir des garanties sportives la saison prochaine. Une première étape significative dans la quête d'une rédemption. Pour autant, le président semble encore camper sur ses positions et aurait mis la pression à plusieurs d'entre-eux à commencer par Dries Mertens.
En fin de contrat le 30 juin prochain, le meilleur buteur de l'histoire de Naples devant Diego Maradona n'a toujours pas trouvé un terrain d'entente avec son club de cœur. L'international belge, qui est toujours dans l'incertitude, aurait reçu un ultimatum de la part de sa direction qui lui propose deux années de prolongation avec à la clé un salaire annuel estimé à 5 millions d'euros (plus un bonus de 2 millions d'euros à la signature du nouveau contrat).
Sur le papier, l'offre est alléchante pour l'ailier belge de 33 ans qui aurait cependant reçu dans le même temps une proposition similaire de l'Inter Milan. À l'heure actuelle, l'ancien joueur du PSV Eindhoven ne s'est pas encore prononcé sur son avenir et pourrait se laisser convaincre par le challenge intériste la saison prochaine.
Probablement qualifié pour la prochaine Ligue des Champions, Dries Mertens retrouverait Romelu Lukaku, son coéquipier en sélection. Un atout de poids pour les Lombards qui entendent bien s'appuyer sur leur relation pour convaincre définitivement le joueur de rejoindre l'Inter.
""Il y a un risque concret que l'international belge se soit accordé avec l'Inter. Là-bas, il retrouverait Romelu Lukaku, son ami et équipier en équipe nationale et son premier sponsor.""
- Gazzetta dello Sport
En attendant, le Napoli pourrait bien connaître une transition délicate et douloureuse en perdant plusieurs de ses meilleurs éléments à l'intersaison. La reconstruction d'un club en difficulté sportive et financière ne devrait pas favoriser la venue de grands joueurs lors de la prochaine fenêtre des transferts. Tout est à rebâtir. La faute à un homme qui veut toujours avoir le dernier mot.