Les révélations de Médiapart sur l'attribution de l'Euro 2016

MIGUEL MEDINA/Getty Images
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Dans le cadre de l’affaire portant sur les conditions d'attribution du Mondial 2022 au Qatar, autrement appelée le "Qatargate", de nouvelles informations ont été délivrées par nos confrères de Médiapart.

Des révélations qui mettent en cause l'ex patron de l'UEFA, Michel Platini, et l'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, concernant l'attribution de l'Euro 2016 à la France.


L'erreur est humaine. Mais cette fois-ci, la légende du football français semble s'être mise dans de beaux draps. Et les affaires commencent à se multiplier pour lui. Mis en garde à vue et entendu par l'office anticorruption de la police judiciaire (OCLCIFF) sur son implication dans les conditions d'attributions de la Coupe du Monde 2022 au Qatar, en juin 2019, Michel Platini aurait reconnu s'être servi de son influence pour permettre à la France d'accueillir l'Euro 2016.

Des révélations qui sèment le doute sur les véritables intentions de l'ancien président de l'UEFA à cette époque et réveillent les vieux démons de ce dossier complexe où se mêlent "amitiés, raison d’État et intérêts financiers".

Selon Médiapart, l'ancien numéro 10 des Bleus et Nicolas Sarkozy aurait tenté de s"immiscer dans ce vote", a précisé Platini devant la police, pour « sécuriser » les 7 votes qui ont attribué, en mai 2010, l’Euro 2016 à la France.

Une affaire qui relance donc les soupçons de corruption qui ont entaché la candidature réussie du Qatar pour la Coupe du Monde 2022 et donne un point de départ à cette affaire rocambolesque

Le "lobbying" de Michel Platini

Pour mieux comprendre cette affaire, il est essentiel de connaître la genèse de cette histoire complètement hors du commun qui a fini par s'ouvrir sur un dossier judiciaire dans lequel Mediapart a pu consulter de nombreux éléments pour établir ses soupçons.

Et cela semble avoir démarré bien avant l'attribution de la Coupe du Monde 2022 puisque Médiapart a révélé que Michel Platini était bien impliquée dans une affaire de "lobbying" concernant l'attribution de l'Euro 2016 à la France. Une preuve accablante qui ressemble étrangement à la genèse de ce dossier judiciaire.

Car, si en 2010, l'ancien vice président de la Fifa a tenté de se servir de son influence pour offrir l'attribution de l'Euro 2016 à la France et Nicolas Sarkozy, c'est bien à la suite d'un rendez-vous avec le chef de l'Etat, le 4 janvier 2010, que l'ex président de l'UEFA a pris cette décision. Même s'il a exprimé quelques regrets devant les policiers :

"Le président de I’UEFA ne devrait pas s’immiscer dans ce vote, mais étant français je l’ai fait.[...]Je souhaitais que la France gagne."

Michel Platini

Sous l'influence de l'Elysée, la légende du football français n'a pas respecté son devoir de neutralité et a clairement cherché à diriger le vote des treize votants, employés par l'UEFA. Une preuve accablante que le patron de l’organisation qui attribue l’Euro a avoué devant les policiers avant de nuancer :

" Je n’avais pas le pouvoir de leur imposer de voter pour la France. Il n’y avait pas de contrepartie "

Michel Platini

Autrement dit, Platini a accepté d'interagir dans ce vote par le biais de ses employés en revanche, il assure que les membres du comité de candidature n’avaient« pas besoin de[lui] » pour faire du lobbying.

Un vaste "trafic d'influence" ?

A partir de ces éléments, la Police Judiciaire semble avoir démêlé un certain nombre d'indices qui mènent donc à la piste des affaires de "trafic d'influence" liée à la Coupe du Monde 2022.

Pour rappel, en 2013, France Football avait évoqué la piste d’un pacte conclu lors d’un déjeuner à l’Élysée, le 23 novembre 2010, neuf jours avant le vote attribuant le Mondial, entre Nicolas Sarkozy, président de la République, Tamim al-Thani, émir du Qatar, et Michel Platini président de l'UEFA.

De cette réunion ressort plusieurs points suspicieux. Le premier. Michel Platini aurait sous l'influence de l'émir et de l'ancien président décidé de donner son vote au Qatar en contrepartie d'arrangements d'ordre politico-financier. De possibles preuves qui vont peut-être déboucher sur une vaste machination entre ces différents protagonistes.

Pour le moment, il est difficile d'en juger les tenants et les aboutissants étant donné le peu d'éléments à notre portée. En France, l’enquête préliminaire ouverte en 2016 par le parquet national financier (PNF) porte sur des soupçons de "corruption privée", "association de malfaiteurs", "trafic d'influence et recel de trafic d'influence".

Malheureusement, cette affaire ne s'arrête pas à nos frontières. Les soupçons visant l’attribution de la compétition au pays du Golfe n’est que l’un des chapitres du scandale ébranlant le monde du football ces dernières années.