Les 10 moments les plus emblématiques de l'Euro
Par Kristen Collie
Après trois années d'attente, nous voilà enfin prêts à vibrer au rythme de l'Euro ! Pour l'occasion, nous avons demandé à Guillaume Germain, auteur de 1960-2020 : 60 ans d'Euro de football, de revenir sur ses 10 moments marquants de la prestigieuse compétition continentale.
1. Euro 1960 : le boycott de l'Espagne face à l'URSS
Retour aux prémices du championnat d'Europe des Nations. Six ans après la création de l'UEFA, la France est l'hôte de la toute première édition de l'Euro où "l'Espagne apparaît comme la grandissime favorite", souligne Guillaume Germain.
Dans un contexte de Guerre Froide, la Roja doit affronter l'URSS du légendaire gardien Lev Yavhine en quarts de finale. "Mais neuf jours avant la rencontre, le dictateur Franco réunit un Conseil des ministres et interdit à la sélection de se rendre à Moscou, rapporte l'auteur de 60 ans d'Euro de football, dont l'ouvrage met en exergue ces parallèles entre football et contexte historique.
Un boycott justifié par le soutien de l'Union Soviétique aux Républicains (opposants à Franco), lors de la guerre civile espagnole (1936-1939). Comble de l'histoire, les partenaires de Yachine seront, quelques jours plus tard, sacrés premiers champions d'Europe.
2. Euro 1968 : l'unique sacre de l'Italie
Le paradoxe du football italien, couronné quatre fois champion du monde, mais dont le seul sacre européen remonte à 1968, et "dans des conditions tout à fait particulières", nous rappelle Guillaume Germain.
"L'Italie remporte l'Euro sur deux coups du sort : d'abord en demi-finale contre l'URSS où le match se termine sur un 0-0. À l'époque il n'y a pas de tirs au but donc les deux équipes rentrent au vestiaire et ce sont les Italiens qui se qualifient... à pile ou face". Un scénario évidemment inenvisageable dans le football moderne.
"La finale contre la Yougoslavie se passe également dans des conditions dantesques. 1-1 lors du premier match, le match est cette fois-ci à rejouer, deux jours plus tard, et l'Italie s'impose 2-0."
3. Euro 1976 : Panenka, pour l'éternité
Un penalty entré dans la légende dans un contexte historique particulièrement saisissant. "On est en pleine Guerre Froide et c'est une opposition entre deux blocs, celui de l'Ouest incarné par la RFA et de l'Est porté par la Tchécoslovaquie.
On parle de la grande RFA de Beckenbauer, championne d'Europe en 1972 et du monde 1974, rappelle l'auteur. 2-2 score final, cette fois on va jusqu'à cette fameuse séance de tirs au but, sublimée par Panenka."
L'apogée du football tchécoslovaque, et l'opportunité pour le milieu offensif des Bohemians de graver son nom pour l'éternité. "Ce tir au but est une forte charge symbolique d'un personnage qui accomplit un geste osé, dans un pays où l'audace n'est pas salué de la même manière, précise Germain.
Cet Euro était l'opportunité pour Panenka de passer le rideau de fer et lancer sa carrière internationale", conclut-il.
4. Euro 1984 : Platini délivre la France
Avant le premier sacre international des Bleus face à l'Espagne en finale, les partenaires de Michel Platini ont fait vibrer toute une Nation face au Portugal en demies.
"Le traumatisme de la demi-finale du Mondial 1982 contre l'Allemagne est toujours présent et on se dirige vers un scénario similaire avec les Portugais qui mènent 2-1 en prolongations, raconte ce passionné d'Euro.
Mais à domicile et après l'égalisation de Domergue, on se dit que tout est possible et, comme un symbole, la délivrance vient de notre carré magique avec ce débordement de Jean Tigana qui la met en retrait pour Platini." La suite : une victoire 2-0 face à la Roja, portant de nouveau le sceau de Platoche.
5. Euro 1988 : la revanche des Pays-Bas sur l'Allemagne
La génération dorée de Johann Cruyff enfin vengée ! "Tout remonte à la finale du Mondial 1974 à Munich, où l'Allemagne l'a emporté 2-1 face aux Pays-Bas du football total et du génial Cruyff", remet Guillaume Germain en contexte.
"Il a toujours existé une énorme rivalité historique et sportive entre ces deux Nations. Et en demi-finale de l'Euro 88, les Pays-Bas prennent enfin leur revanche, dans le même stade à Munich, et sur le même score."
Un "parallélisme des forces" qui vient consacrer cette incroyable équipe menée par les Ruud Gullit, Ronald Koeman et Marco van Basten, vainqueur par la suite de l'URSS en finale (2-0).
6. Euro 1992 : la "Danish Dynamite"
Une histoire incroyable, digne des plus grands romans. "15 jours avant la compétition, l'ONU porte des sanctions contre la Yougoslavie, en guerre, et est ensuite exclue de l'Euro. Non qualifiés initialement, nos amis danois sont appelés au dernier moment, relate notre interlocuteur.
Il se présente à l'Euro sans préparation, sans rien à perdre et dans un concours de circonstance, il remporte la compétition contre l'Allemagne tout juste réunifiée (2-0)."
Un conte de fée que la France a failli interrompre prématurément : "En phase de groupes, le Danemark est mal embarqué avant le dernier match face aux Bleus. Jean-Pierre Papin ouvre le score, les Danois égalisent et prennent l'avantage à dix minutes de la fin. La France est éliminée."
7. Euro 2000 : l'égalisation de Wiltord
Pour beaucoup de monde, le but en or de David Trezeguet en finale face à l'Italie est le moment marquant de cet Euro. En effet, c'est le but qui scelle le triomphe de la France.
Mais l'égalisation de Sylvain Wiltord dans les tout derniers instants du match dispose d'une "plus grande charge sportive", estime Guillaume Germain.
"On a tous cette image des remplaçants italiens bras dessus, bras dessous prêts à exulter. Et finalement Wiltord, d'un geste incroyable, glisse le ballon dans les filets".
"C'est fantastique car c'est le premier doublé français coupe du Monde - Euro. La France était véritablement sur le toit du monde."
8. Euro 2004 : la Grèce surprend l'Europe
L'une des plus grandes surprises sportives de l'histoire contemporaine. Le sacre de la Grèce à l'Euro 2004 est digne de sa mythologie.
"C'est absolument extraordinaire. Une équipe qui s'est montrée solide et qui a gagné tous les matchs à élimination directe sur le score de 1-0, à l'arraché, résume parfaitement l'auteur.
"C'est un titre que personne ne pouvait imaginer. Tout le monde pensait que la victoire du Danemark était un coup du hasard et la Grèce a de nouveau prouvé que des Nations moins clinquantes peuvent y parvenir. C'est ce qui fait le charme de l'Euro." Angelos Charisteas aime ça.
9. Euro 2004 : Zidane crucifie l'Angleterre
"Il y a un peu de chauvinisme dans mes choix", admet Guillaume Germain, mais qui n'a pas exulté lors de ce doublé mémorable du Dieu du football français ?
"On se retrouve en phase de poules face à nos ennemis héréditaires, menés 1-0. Beckham à l'occasion de tuer le match sur penalty mais Barthez l'arrête. Et là c'est un deuxième match", relate-t-il.
"Zidane, d'abord d'un sublime coup franc, puis sur penalty dans les arrêts de jeu, délivre et qualifie la France. Un retournement de situation incroyable !"
10. Euro 2008-2012 : l'hégémonie de l'Espagne
Iniesta, Xavi, Fernando Torres, Iker Casillas... on parle de l'une des meilleures générations de l'histoire du football. "Avant eux, aucune équipe n'avait remporté deux Euro consécutifs", précise Guillaume Germain.
Un authentique exploit, d'autant plus admirable en rajoutant le sacre au Mondial 2010. "Un triplé incroyable. Une hégémonie de quatre ans où ils ont réussi à maintenir un niveau sportif exceptionnel. On ne peut que s'incliner."
L'ouvrage 1960-2020 : 60 ans d'Euro de football, signé Guillaume Germain, disponible ici.