La Bataille de Nuremberg : La "boucherie" légendaire de la Coupe du Monde 2006

Alexander Heimann/Getty Images
facebooktwitterreddit

Rebaptisé également "la boucherie de Nuremberg", ce huitième de finale de la Coupe du monde 2006 entre le Portugal et les Pays-Bas a été explosif à tous les niveaux. Retour sur cet épisode devenu célèbre par sa violence et son excès d'engagement.


"L'art de la guerre, c'est soumettre l'ennemi sans combat". À en croire les propos de Sun Tzu au VIème siècle avant J.C, cette affiche des huitièmes de finale de la Coupe du monde 2006, le 25 juin, à Nuremberg au Frankenstadion a dérogé quelque peu à la règle. Ce soir-là, les 41.000 supporters massés dans l'enceinte restent sans voix face à cette débauche de violence accablante.

Un match pour l'Histoire

Alexander Heimann/Getty Images

L'Histoire retient des qualifications historiques, des rencontres palpitantes, des joueurs fulgurants et une bonne dose d'acharnement : électrique à tous les échelons, ce Portugal-Pays-Bas fait date dans les annales du football. Et pour une raison bien particulière. Retour sur une confrontation digne d'un champ de bataille.

Encore invaincues avant d'avancer vers les huitièmes de finale, les Néerlandais sont en quête de revanche après avoir été sortis par les Portugais, deux ans plus tôt, en demi-finale de l'Euro 2004. Déterminés alors à effacer un douloureux souvenir, les coéquipiers de Mark van Bommel avancent la fleur au fusil. La suite sera un déferlement de violence.

Dès la deuxième minute, l'ancien milieu de terrain du FC Barcelone sonne la première charge en taclant dangereusement Cristiano Ronaldo par derrière. L'arbitre de la rencontre, Valentin Ivanov, ne tarde pas à dégainer le carton jaune. Le premier d'une longue série qui prendra tout son sens seulement trois minutes plus tard, suite au deuxième avertissement de la partie adressé à l'encontre de Khalid Boulahrouz, coupable d'avoir laissé traîner les crampons sur la jeune sensation portugaise.

Heureusement, parmi les décombres d'un terrain en ruines, le Portugal déclenche une première banderille par l'intermédiaire de Maniche qui place les Portugais sur de bons rails à la 23ème minute. Insuffisant en revanche pour éclipser ce climat délétère qui règne à Nuremberg. Costinha, qui est en feu, allume un tacle à retardement sur Phillip Cocu, peu de temps avant la sortie sur blessure de Cristiano Ronaldo (34ème), éreinté et en pleurs après avoir concédé de nombreux coups sur le pré.

16 jaunes, 4 rouges et un nouveau record

Toujours aussi actif, le milieu de terrain portugais, Costinha, est expulsé juste avant la pause, mettant inévitablement en difficulté ses coéquipiers qui se retrouvent en infériorité numérique avant le début de la seconde période. C'était sans compter finalement sur l'indiscipline des Néerlandais qui n'ont pas tardé à rééquilibrer la balance dès la 63ème minute.

Averti d'un second carton jaune, Khalid Boulahrouz n'échappe pas à la biscotte rougeâtre quelques minutes après un épisode houleux entre Luis Figo et Giovanni van Bronckhorst qui seront également sanctionnés. Dans une ambiance complètement pernicieuse, neuf cartons sont distribués en un peu moins de vingt minutes, condamnant van Bronckhorst et Deco à prendre la direction des tribunes pour suivre la fin de la partie. Au final, l'arbitre russe distribuera pas moins de 16 cartons jaunes et 4 cartons rouges, établissant un nouveau record en la matière durant une phase finale de la Coupe du monde.

Finalement, les Portugais se qualifieront sur la plus petite des marges en quarts de finale avant de se faire éliminer en demi-finales par l'Équipe de France. Du côté des hommes de Marco van Basten, il faudra attendre quatre années avant d'effacer une piètre image à l'international.