Interview - Walter Kannemann, l'international argentin qui brille en terre brésilienne
Par Jean Dubas
Le défenseur central de Gremio est l'un des joueurs majeurs de l'actuel 6e du championnat brésilien et n'en finit plus d'épater à l'âge de 29 ans. Propos recueillis par Diego Yudcovsky, journaliste pour 90min Latin America.
Toujours seul au sommet, l'Internacional compte un point d'avance sur Sao Paulo. À huit points derrière eux, mais avec un match en retard, se trouve son grand rival, le Gremio, qui est toujours en chasse et rêve d'aller jusqu'au bout cette saison.
Walter Kannemann est l'un des joueurs clés du Gaucho, qui s'est taillé une place importante dans l'équipe au cours de ses cinq années passées au club. Tout sauf une mince affaire, étant donné que peu d'Argentins ont réussi à se positionner en tant qu'acteurs majeurs dans des équipes brésiliennes.
Dans une interview exclusive pour 90min Latin America, Diego Yudcovsky a parlé au défenseur de Porto Alegre de sa situation actuelle dans sa nouvelle ville et aussi de son passé avec San Lorenzo. Il a également évoqué ses attentes en équipe nationale argentine. Le défenseur a aussi révélé ce qu'il ferait s'il recevait un appel de Juan Roman Riquelme pour jouer à Boca Juniors.
Couronné de succès au Brésil
Kannemann est arrivé à Gremio à la mi-2016, lorsqu'il a été séparé de l'équipe de l'Atlas de Guadalajara. Un an plus tard, il a remporté la Copa Libertadores avec l'équipe brésilienne, lors d'une finale mémorable contre Lanus et sous la direction de l'homme qui est encore l'entraîneur aujourd'hui, Renato Gaúcho.
Cette saison-là, il a également participé à la finale de la Coupe du monde des clubs contre le Real Madrid, comme il l'avait fait trois ans plus tôt avec San Lorenzo, sans succès dans les deux cas.
Au cours de ses quatre années passées au Brésil, le défenseur a remporté sept titres : une Copa Libertadores, une Recopa Sudamericana, une Copa do Brasil, trois Campeonato Gaúchos et une Recopa Gaúcha.
Comment te sens-tu à Gremio ?
Heureusement, je suis très bien. Nous nous battons pour le championnat avec l'équipe et tant qu'il y a une chance mathématique (de remporter le titre), nous allons tout faire pour. Dans le même temps, nous nous sommes déjà qualifiés pour jouer la finale de la Copa do Brasil.
Quel impact a eu l'élimination contre Santos (1-1, 1-4) en quarts de finale de la Copa Libertadores ?
C'était une défaite difficile que personne ne voulait subir, mais c'est le football. Quand de mauvaises choses arrivent, il faut regarder vers l'avant et s'en remettre. Ensuite, nous avons réussi à nous qualifier pour la finale de la Copa do Brasil contre Sao Paulo. Nous nous concentrons donc sur les deux compétitions encore en cours.
Walter Kannemann est issu du centre de formation de San Lorenzo et a fait ses débuts avec l'équipe première en 2010. Bien qu'il ait eu du mal à consolider sa position, il a explosé lors du Torneo Inicial 2013, où le "Ciclón" a remporté le championnat au stade de Vélez, avec Juan Antonio Pizzi comme entraîneur.
Comment vous êtes-vous senti au moment de disputer ce match sur le terrain de Vélez avec une coupure au bras ? Qu'est-ce que cela signifiait pour vous d'être champion après ce match ?
Avant d'entrer sur le terrain, j'étais un peu euphorique, surtout en Argentine où l'on vit ça à fond dans les vestiaires. À un moment donné, une fenêtre s'est cassée et je me suis coupé le bras. Quelques minutes avant d'entrer sur le terrain, j'ai dû faire des points de suture et c'est pourquoi je ne pouvais pas être sur la photo de présentation.
Etre couronné champion sur le terrain de Vélez, c'était très agréable. C'était un championnat très disputé : nous avions eu la chance de le gagner lors de la dernière journée et nos rivaux avaient eux aussi une chance de le gagner.
Nous devions absolument gagner ou faire match nul et espérer un autre résultat pour être champions. Lorsque la rencontre s'est terminée sur le score de 0-0, ils nous ont dit que l'autre match s'était également achevé sur un nul. Nous étions super heureux."
Un retour en Argentine ?
Formé a San Lorenzo, l'international albiceleste garde toujours en tête un retour au pays. Épanoui au Brésil, Kannemann n'en oublie pas ses racines.
Quels joueurs vous ont le plus marqué dans cette équipe de San Lorenzo ?
Nous avions "Pipi" Romagnoli qui était l'étendard de l'équipe et notre numéro 10, et qui, en dehors de sa façon de jouer et de son intelligence, était capable d'aller se battre avec un adversaire, donc il nous forçait à en faire deux fois plus.
Aussi Mercier, Ortigoza, Gentiletti, Cetto, c'était une équipe qui était encore en cours de construction. Nacho Piatti, Matos, Blandi, Cauteruccio, Buffarini, Mas. Ceux qui sont venus ont toujours essayé de donner le meilleur d'eux-mêmes, la concurrence au sein du club était très bonne."
"Je ne ferme la porte à aucun club en Argentine"
- Walter Kannemann
Boca Juniors a déjà essayé de vous contacter ?
Ils ont eu des contacts avec mon agent, c'est tout ce que je sais. S'ils ont été proches ou non est une autre question.
Si Riquelme (directeur sportif de Boca) vous appelle, vous le rejoindriez ?
C'est une question difficile, je ne ferme la porte à aucun club en Argentine. Je suis très heureux au Brésil et j'étais très heureux à San Lorenzo. Mon idée est de retourner un jour dans mon pays, mais si vous me demandez dans quel club, je ne sais pas. Si Riquelme m'appelle, je lui répondrai. Tout le monde sait quel genre de joueur il était, mais il est très difficile de vous en dire plus."
international argentin
Âgé de 29 ans, le défenseur central n'a rejoint qu'en septembre 2018 la sélection argentine lors d'une victoire 3-0 contre le Guatemala. De nouveau sélectionné en novembre dernier à l'occasion des éliminatoires pour la Coupe du Monde 2022, Kannemann compte aujourd'hui 6 sélections et admet "rêver de disputer le Mondial"
Lionel Scaloni vous surveille pour l'équipe nationale d'Argentine. Quel regard portez-vous sur cette opportunité ?
C'est un rêve, un privilège. Je n'ai jamais eu la chance de jouer dans des équipes de jeunes et être appelé dans l'équipe senior me rend très heureux, j'adore y aller. J'essaie toujours de donner le meilleur de moi-même quand on a besoin de moi pour que l'équipe reste le plus haut possible.
"Scaloni est un entraîneur qui n'a pas d'expérience, mais les chiffres parlent pour lui et il a été à la hauteur de la tâche."
- Walter Kannemann
Quelle sensation cela fait d'être avec Messi dans le vestiaire ?
J'essaie d'être normal, il est comme n'importe quel autre coéquipier qui essaie de s'amuser dans le vestiaire, d'être bon sur le terrain. En tant que défenseur central, je regarde plus les défenseurs que les attaquants. J'aime ça, j'essaie d'apprendre sur le terrain.
L'un de vos coéquipiers en sélection vous a-t-il surpris ?
Je ne sais pas si ce sont les coéquipiers, mais l'intensité avec laquelle ils s'entraînent et l'engagement de la plupart d'entre eux, qui parcourent beaucoup de kilomètres, font beaucoup de sacrifices pour aller en équipe nationale. Certains d'entre eux, qui sont connus dans le monde entier, s'en fichent et veulent être là juste pour défendre le maillot.
Cela vous dérange que Scaloni soit considéré comme un "inexpérimenté" malgré ses résultats ?
Je ne considère pas cela comme une critique, car cela signifie juste qu'il n'a pas d'antécédents, ce qui ne veut pas dire qu'il est un mauvais entraîneur. Ça veut juste dire que plus il acquiert de l'expérience, plus il s'améliore. J'essaie de considérer la critique d'un point de vue positif. C'est un entraîneur qui n'a pas d'expérience mais les chiffres le soutiennent et il a été à la hauteur de la tâche.