Interview exclusive : Pierrick Capelle, le milieu qui a gravi les échelons jusqu'en Ligue 1

Pierrick Capelle a encore de belles saisons devant lui.
Pierrick Capelle a encore de belles saisons devant lui. / Tal Gilad/90min
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Gravir les échelons du football amateur et professionnel, s'adapter à un niveau toujours supérieur, et répondre présent. Voilà la trajectoire qu'a connue Pierrick Capelle, un parcours fait de progression et de nouveaux défis. De son épopée fabuleuse en Coupe de France avec Quevilly, à son statut de joueur cadre d'Angers, en passant par le prix de plus beau but de la saison en Ligue 1, le natif de Lesquin a répondu à nos questions en exclusivité.


À l'aube de sa sixième saison avec Angers, nous avons évoqué son passé, son présent et son futur. Pierrick Capelle se livre également sur l'avancée du club, ainsi que ses objectifs sur le plan collectif.

Vous avez connu un parcours hors du commun avec Quevilly lors de la Coupe de France 2012 jusqu'en finale, ça vous évoque quels souvenirs encore aujourd’hui ?

C’était un petit rêve en fait, un rêve éveillé. On était des amateurs qui, match après match, y croyaient de plus en plus. On s’est laissés emporter par l’engouement et par cette compétition. On a pu côtoyer des pros et gagner des matches contre eux.

Pierrick Capelle célèbre une victoire en Coupe de France avec un coéquipier
Pierrick Capelle célèbre une victoire en Coupe de France avec un coéquipier / KENZO TRIBOUILLARD/Getty Images

Vous pensez qu’un tel parcours serait encore possible aujourd’hui ?

De toute façon, chaque année il y a des clubs amateurs qui font des beaux parcours. Après, ça reste rare qu’un club amateur arrive jusqu’en finale. Pour moi, évidemment c’est possible. Il y a quelque chose qui se passe dans ces moments-là et sur un match, tout peut arriver. Après, le PSG, l’OM, l’OL : ce sont des très grosses équipes et c’est souvent dur de les battre, mais bon… c’est la magie de la Coupe de France.

""Je devais signer à Lens""

Pierrick Capelle

Avant de vous engager avec Quevilly, vous aviez failli signer au RC Lens, un club de la région dans laquelle vous êtes né, mais vous avez choisi l'équipe normande, pourquoi cette décision ?

J’étais à Avion en CFA et je devais signer à Lens, mais Quevilly me sollicitait aussi. J’ai préféré signer à Quevilly, Lens me proposait un contrat « charte du football professionnel ». Sportivement, je serais resté avec la réserve. J’ai eu Régis Brouard au téléphone, Quevilly montait en national, ça me faisait découvrir une nouvelle division donc pour mon évolution c’était idéal.

Avec Clermont, vous avez fait de superbes saisons, vous vous êtes gravement blessé (ligaments croisés). Avez-vous eu peur pour la suite de votre carrière ?

Je ne l’ai pas très bien vécu. C'était ma deuxième saison en Ligue 2, donc chez les pros, qui est censée être celle de la confirmation. Je plaçais beaucoup d’espoir dans cette saison. La blessure m’a valu une saison blanche. Je me suis demandé comment ça pouvait se goupiller pour la suite, mais le plus important était de bien se soigner et retrouver le haut niveau. Il a fallu du temps pour revenir. La saison suivante s’est bien passée donc tant mieux.

Pierrick Capelle sous les couleurs de Clermont
Pierrick Capelle sous les couleurs de Clermont / MB Media/Getty Images

En 2016, vous avez remporté le prix du plus beau but de la saison. Recevoir cette distinction dès votre première saison en Ligue 1, comment l'avez-vous vécu ?

C’est un peu particulier car je n'ai pas brillé tout de suite lors de ma première saison avec Angers. Les quelques buts que j’ai marqués c’était surtout sur la seconde partie. En 2015/2016, on avait réalisé une première moitié incroyable, deuxièmes à la trêve, c’était hallucinant pour un promu.

L’équipe tournait bien et je n’avais pas beaucoup de temps de jeu, je découvrais la Ligue 1. Mais j’ai fini par m’imposer, et je marque ce but oui. Recevoir un prix comme ça devant Zlatan et d’autres stars c’est quand même beau.

""On m'avait faire perdre espoir""

P.C.

On peut dire que vous avez connu un parcours linéaire (Avion CFA 2 et CFA, Quevilly National, Clermont Ligue 2, Angers Ligue 1). Vous avez gravi les échelons, pensiez-vous réaliser ce parcours ?

Depuis que je suis jeune, j’ai toujours eu ce rêve de devenir footballeur professionnel. Vers 17-18 ans, je me suis dis que ce n’était plus possible, je voulais même arrêter de jouer. On m’avait fait perdre espoir dans un club de région parisienne (Saint-Leu-la-Forêt). Après tu laisses ça un peu de côté, t’essayes surtout de prendre un maximum de plaisir. Tu joues, et des opportunités arrivent, tu les saisis pour progresser et après c’est magnifique.

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Dans votre carrière, vous avez été repositionné de nombreuses fois, quel est le poste dans lequel vous vous sentez le plus à l’aise ?

Milieu relayeur ! J’ai beaucoup joué en tant qu’ailier mais plus le temps avance, moins tu es rapide, moins tu as les caractéristiques spécifiques d’un joueur de côté surtout que c’est un profil de joueur très recherché aujourd’hui en Ligue 1. J’ai commencé relayeur à Clermont, Regis Brouard m’avait replacé au milieu et à partir de là je suis resté à ce poste.

Vous êtes conseiller municipal de la ville de Saint-Léger-de Linières. C’est assez rare pour être souligné : un joueur de foot encore en activité qui s’investit pour sa commune. Pourquoi cet engagement ?

C’est une petite commune. Je commence à connaître pas mal de monde et notamment une personne qui était présente dans le conseil municipal précédent. Le maire m’a sollicité pour savoir si j’étais intéressé.

Même si je suis footballeur professionnel, je suis une personne normale, un citoyen comme tout le monde. Ça ne me prend pas énormément de temps. Selon mes disponibilités, je participe à l’aménagement du territoire sur les infrastructures sportives.

""Avec l'ossature qui date de 2015, on a fait grandir le club.""

P.C.

Depuis votre arrivée à Angers, vous êtes très régulier au milieu de tableau, avec en prime une finale de Coupe de France en 2017. Quel regard portez-vous sur l’évolution de l’équipe ?

Avec l'ossature qui date de 2015, on a fait grandir le club, c’est la même depuis l’arrivée d’Angers en Ligue 1. On a progressé ensemble avec l’objectif de pérenniser la place du club dans l’élite. Chaque saison, l’objectif c’est le maintien, de la meilleure manière possible et le plus rapidement. Après, ça nous permet de se fixer d’autres objectifs, et de figurer de mieux en mieux dans ce championnat.

À l'image de Thomas Mangani, Pierrick Capelle fait partie d'une ossature créée en 2015
À l'image de Thomas Mangani, Pierrick Capelle fait partie d'une ossature créée en 2015 / JEAN-FRANCOIS MONIER/Getty Images

Selon vous, que manque-t-il à l’équipe pour franchir un palier ?

Encore un petit peu de temps et d’investissement de la part de chacun pour que le club grandisse à tous les niveaux.

Vous avez déjà défendu sur Neymar à plusieurs reprises, qu’est-ce que ça fait ?

Tout d’abord c’est beau ! C’est plaisant et ça t’apporte énormément. Même si c’est ton adversaire tu kiffes, comme ça a été le cas avec Zlatan. Après, moi, mon idole c’est Thiago Silva, avoir joué contre lui c’est magnifique. J'ai même eu la chance d'échanger mon maillot avec lui.

Pierrick Capelle dans un duel avec Neymar
Pierrick Capelle dans un duel avec Neymar / Jean Catuffe/Getty Images

Comment s’est passé votre confinement ?

Je suis resté à la maison, comme tout le monde. J’étais en famille avec ma femme et mes deux enfants. On a la chance d’avoir un jardin et un champ derrière donc on a pu profiter de l’air. J’ai essayé de m’entretenir au maximum.

Le préparateur physique nous envoyait des séances à faire : des séances physiques ou de renforcements musculaires tous les jours. Prendre des nouvelles de ses proches aussi, c'était important.

""L'objectif est de pérenniser le club en Ligue 1""

P.C.

Votre entraîneur Stéphane Moulin a déclaré dans une interview, que l’objectif cette saison, ça sera le maintien avant tout. Êtes-vous d’accord ?

Bien sûr, comme j’ai dit, l’objectif est de pérenniser le club en Ligue 1. Il faut continuer à avoir ça en tête. Ce n'est pas parce qu’on a fait cinq bonnes saisons que la sixième va forcément bien se passer, et ainsi de suite. Il faut toujours avoir les pieds sur terre, faire avec nos moyens, notre budget.

Angers a enregistré l’arrivée de Paul Bernardoni, vous vous êtes déjà entraîné avec lui. Quelle impression vous donne-t-il ? Il peut devenir l’un des meilleurs ?

C’est un très bon gardien, il l’a déjà prouvé avec Nîmes. Il est en Équipe de France Espoirs, il a la trajectoire pour être un grand, et c’est tout ce que je lui souhaite. La génération de gardiens en sélection est plutôt âgée, donc à un moment donné il pourra se faire une place. À moyen terme, il peut aspirer à devenir le gardien numéro 1 des Bleus.

Le retour à Bollaert, ça va être quelque chose de spécial ?

Oui parce qu’il y a une petite histoire avec le Nord, j’ai ma belle famille là-bas, des amis d’université. C’est surtout un grand plaisir pour tous les amoureux du football, et j’en fais partie, que de retrouver ce stade en Ligue 1 et ce super public.

""Je peux encore jouer longtemps""

P.C.

Vous êtes sous contrat jusqu'en 2021, pensez-vous finir votre carrière à Angers ?

Tout d’abord, je tiens à préciser que je me sens très bien sur le plan physique. Même si mon âge (33) paraît avancé, j’ai commencé tard avec les pros. Je peux encore jouer longtemps, j’en ai d’ailleurs parlé avec mon président. Je lui ai dit que je pouvais jouer jusqu’à 40 ans.

Ce sont les genres de discussions qu’on a entre joueurs, dirigeants et président. On se demande "Est-ce qu’on continue ensemble", "est-ce qu’il faut chercher un nouveau projet ?" . Il faudra prendre une décision en temps voulu, on ne peut pas passer à côté de ces choses-là.

Pour la première journée de championnat, Pierrick Capelle et les Angevins se déplaceront à Dijon, samedi, à 17h.