Interview exclusive de Laura Georges : Le foot féminin, de la base à l'élite jusqu'au rôle des jeux vidéos !

  • Laura Georges, ambassadrice du jeu EA Sports FC24, s'implique dans le développement d'installations foot via le projet FC Futures
  • L'ex-joueuse de l'OL voit l'arrivée de Michele Kang à la tête du club comme une excellente nouvelle
  • Selon l'ex-internationale, les Bleues doivent aller chercher le titre à la Coupe du monde en Australie !
Laura Georges s'investit dans EA Sports FC Futures
Laura Georges s'investit dans EA Sports FC Futures /
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À l'occasion de l'événement de présentation du tout nouveau EA Sports FC24, nous avons eu le privilège de nous entretenir avec Laura Georges, une figure emblématique du football féminin, ex-internationale française et impliquée dans le projet de développement FC Futures avec EA Sports.

L'ex-joueuse de l'OL et du PSG, aujourd'hui impliquée à la Fédération Française de Football, partage avec nous son analyse passionnante sur l'évolution du football féminin. Elle évoque notamment l'importance des récents investissements, le changement de gouvernance à l'OL, et les nouvelles opportunités qu'ils ouvrent pour développer la compétitivité de la D1 Arkema en Europe. Elle nous livre également ses ambitions pour l'équipe de France féminine lors de la prochaine Coupe du monde.

Alexis Amsellem : Bonjour Laura, comment ça va ?

Laura Georges : Ça va, ravie d'être là avec toi.

A.A : On est ici, pour discuter un petit peu d'EA Sports FC 24. Pour démarrer, quel est ton rapport aux jeux vidéo de foot et en général aux jeux vidéo ?

LG : Alors moi, le jeu vidéo, j'étais surtout sur ceux d'aventure, tout ce qui est découverte des énigmes, comme James Bond par exemple, ou un autre dont le nom m'échappe qui se déroule au Mexique.

Pour tout ce qui est jeux de sport, c'était beaucoup par rapport à mon frère, mes copains surtout et généralement en équipe de France. Mais du coup, le jeu vidéo, c'est surtout pour accompagner mes amis et jouer de temps en temps, mais j'étais moins portée sur les matchs, j'étais plus sur les exercices techniques.

"Avec Zidane, on va animer les séances."

Laura Georges, pour 90min
Sam Kerr, la joueuse de Chelsea
Sam Kerr, la joueuse de Chelsea /

A.A : L'entraînement jusqu'au bout (rires) !

Sinon, ton implication avec EA Sports et FC 24 va même au-delà du jeu, puisque c'est aussi un moyen pour toi de continuer ton engagement dans l'inclusion. Il y a ce FC Futures qui est très développé. Est-ce que tu veux nous parler un petit peu de ton implication dans le projet ?

L.G : Ce qui est intéressant maintenant, c'est qu'EA Sports va dépasser le stade du virtuel et tendre vers le "grass roots". En français, l'équivalent, du terme, ce serait le développement du football de base, ce qui représente un peu ce que je fais avec la Fédération. Accompagner les programmes pour se dire qu'on ne travaille pas que l'élite.

Parce qu'EA Sports FC, pour tout le monde, c'est : "qui va être le prochain joueur en couverture, la prochaine joueuse, leurs notes ?"... mais en France, on est plus de 2 millions de licenciés, on a quelques joueurs élites, mais la base c'est plus d' 1.5 million de joueurs, de football amateur. Donc, FC veut participer à ce travail de développement de la base, c'est juste génial. Ils vont proposer des contenus d'entraînement et je vais être la voix féminine et Zidane sera la voix masculine. On va animer les séances.

Donc, EA Sports va accompagner des communautés. Ian Wright a même ouvert un terrain dans son école primaire à Londres. C'était vraiment assez émouvant. Le sport ce n'est pas seulement l'élite, c'est aussi donné, les moyens, les équipements, des terrains. C'est ça le foot de tous les jours. On a tous une admiration pour les grands joueurs, mais le foot, c'est la base.

"Si vous n'êtes pas d'accord, et bien, c'est ce qu'on prône."

Laura Georges, sur la mixité dans FC24

A.A : Tout ce travail d'inclusion, ça fait longtemps que FC l'a commencé, notamment avec le football féminin.

LG : Quand EA Sport a développé les équipes nationales, l'équipe de France est rentrée dans le jeu et c'est là que lorsqu'on me demandait mon nom, on a commencé à me répondre : "Ah oui t'es sur FIFA !"

Là, tu comprends que le jeu te permet de faire une promotion supplémentaire, de donner de la considération et c'est toujours un moyen supplémentaire pour que les gens disent : "Ah ouais les filles, c'est sérieux ! Ah ouais au fait, peut-être qu'on peut investir dans le sport féminin." C'est pris sérieusement, EA Sports s'investit, d'autres sponsors le peuvent aussi. C'est toute une dynamique.

À une époque, on rêvait qu'il y ait des équipes féminines ! Aujourd'hui certaines personnes prennent ça comme si c'était normal.

Ça montre à quel point le foot féminin grandit, les femmes ont des vrais salaires, des sponsors, le championnat va devenir professionnel en France. D'ailleurs, la D1 Arkema a été choisie pour être parmi les 6 championnats féminins dans EA Sports FC 24, et c'est énorme pour la visibilité du championnat, pour son sponsor, c'est extraordinaire.

Et de voir que les hommes et les femmes vont jouer ensemble dans le mode Ultimate Team, c'est ça qu'on veut, ça, c'est de l'inclusion. C'est dire que tu viens d'Afrique, que tu viens d'Asie : ouais, tes joueurs, ils sont là. Ils sont ensemble, on est ensemble.

Et tu n'attends pas que le public te dise : "nous, on veut des stars". Tu dis : "voilà ce que nous on prône". Parce que je vois que les gens se plaignent sur Internet. Eh bien non, on va vous montrer. Si vous n'êtes pas d'accord, et bien, c'est ce qu'on prône".

Les gamers pourront jouer avec des équipes mixtes dans FC24 Utimate Team
Les gamers pourront jouer avec des équipes mixtes dans FC24 Utimate Team /

"Elle va ramener une dimension un peu plus américaine."

Laura Georges, sur Michele Kang

AA : Puisqu'on parle football féminin et du développement de la D1 Arkema et vu ton passé à l'OL, j'aimerais te demander ton avis sur la décision de John Textor et son groupe de se séparer de l'OL féminin, est-ce que tu as envie de réagir là-dessus ?

LG : Je ne vais pas revenir sur leur tactique, parce que je ne la connais pas précisément. Par contre, j'ai rencontré madame Michele Kang (la nouvelle présidente de l'OL Féminin, ndlr), qui est venue à la fédération, pour parler de ses ambitions. Et elle va donner une dimension un peu plus marketing, un peu plus business.

En fait, on est en train de se dire : "Qu'est-ce qu'il va faire que le football féminin va évoluer ?". Là, avec la Fédération, on va créer ce championnat élite avec des play-offs, pour espérer aussi que les sponsors viennent. Que ce soit aussi intéressants pour les télés qui arrivent. Mais faire venir une Américaine, qui a aussi son expérience avec Washington et qui sait que pour faire venir des fans, il faut leur donner des atmosphères de fans.

Du foot, c'est un spectacle. C'est un spectacle pour le papa, pour la maman, pour les enfants. Tu dois faire un show et elle a cette ambition d'avoir du fan engagement. Donc, elle va ramener une dimension un peu plus américaine. Un peu plus de moyens, des recherches aussi, pas seulement accroître le fan engagement. C'est aussi faire des recherches sur la santé des joueuses souvent blessées.

Le foot féminin avec des investisseurs américains, ça va amener du savoir-faire, en partie marketing, mais je ne veux pas parler pour eux. Ce n'est pas mon dossier particulier, mais je sais ce qu'ils vont apporter tant sur le business, que sur la promotion et on a besoin de ça.

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" Si nos joueuses sont très bien formés, là, on aura sûrement un temps d'avance plus tard sur l'Angleterre ou autre."

Laura Georges

AA : Ce mouvement peut-il remettre le football féminin français dans la course avec les autres championnats ? Eux qui semblent avoir rattrapé leur retard, voire dépasser la D1 Arkema.

Avec la réception de la Coupe du monde en 2019, qui a été un succès en termes d’organisation, l'objectif était, pour nous à la Fédération, d'encrer le football féminin dans le cœur des Français. Ça a été fait, à l'issue de la Coupe du monde, les gens savaient que le foot féminin existait et avait sa place.
Au-delà de ça, c'était d'être sûr que nos clubs aient de meilleures installations, avoir beaucoup plus de femmes dirigeantes, femmes entraîneures, arbitres. Ça a été chose faite.

Aujourd'hui, on veut améliorer l'élite. Car même après la Coupe du monde, il n'y a eu que très peu de monde dans les stades. Même si pour un PSG - Lyon, on a fait des records à 30 000 spectateurs, ce n'est pas assez. Le championnat français n'amène pas régulièrement assez de spectateurs. Donc, on sait qu'on a eu un gap. On n'est pas passé pro (la 1ʳᵉ division française, ndlr) après la Coupe du monde, on était plus sur du développement de base, sur de la structuration. Effectivement, entre-temps. L'Angleterre investit sur les ligues semi-pro. Les Espagnols font du monde lors de leurs affiches. Après, le PSG et l'OL restent au top et désormais les autres investissent.

Aussi, en termes de gouvernance également, on a eu un flottement. On a récemment eu un manque de personne référente pour le football féminin, avec le départ de Brigitte Henriques au CNOSF. Jean-Michel Aulas reprend le flambeau-là. Et, il y va au taquet. La Ligue pro (et semi-pro) va être lancée, avec des play-offs. Les droits télés sont relancés. On a Canal+ qui va suivre sur un certain nombre d'années. W9 a pris avec France Télé les droits de la Coupe du monde. On a aussi l'UEFA qui développe la Ligue des nations, donc des matchs beaucoup plus attractifs pour les télés.

Donc il y a une dynamique qui repart parce qu'on sait qu'on a besoin aussi de rivaliser et pour rivaliser, il faut que notre championnat soit beaucoup plus compétitif. Donc en faisant les play-offs, on va aussi pousser les sponsors à venir s'investir avec une D1 Arkema beaucoup plus concurrentielle.

On va pousser aussi nos clubs à avoir des centres de formation. La PSG, Lyon, Fleury 91, et le Paris FC se sont positionnés pour avoir leur centre de formation. À partir de 15 ans comme chez les gars, les clubs féminins auront leur centre de formation et nos pôles espoirs vont devenir nos centres de pré-formation.

On n'est pas là à dire : "on veut une ligue pro". On sait que pour que cette ligue pro soit compétitive, il faut que la base soit forte. Si elles sont très bien formées, là, on aura sûrement un temps d'avance plus tard sur l'Angleterre ou autre.

L. Michele Kang
Michele Kang la nouvelle patronne de l'OL Féminin / Brad Smith/ISI Photos/GettyImages

"L'équipe de France, c'est le titre ! "

Laura George

AA : On ne peut pas finir cette interview sans évoquer la Coupe du monde ! Quel doit être l'objectif de l'équipe de France selon toi ?


LG : L'équipe de France, c'est le titre !

Je ne vais pas parler pour Hervé Renard, mais les filles y vont pour être dans le dernier carré et gagner ce titre, c'est leur objectif !


AA : Et quel sera leur plus gros concurrent ?

LG : Je pense que ce sont elles-mêmes.

Angleterre, États-Unis, Allemagne, Espagne, toutes ces nations progressent bien, mais je pense que si elles montrent vraiment ce qu'elles ont dans le ventre, et qu'elles jouent en équipe, elles vont aller très loin ! Je leur souhaite !

AA : Dernière question, une joueuse qui peut se révéler dans cette Coupe du monde avec l'équipe de France et qu'on doit suivre ?


Un talent ? La petite Laurina Fazer, milieu du PSG. Et j'espère que vous allez voir tout le talent de Selma Bacha.

Et pour finir également Naomie Feller ! Si elle rentre, là, attention ça va brûler.

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