Gareth Bale : Analyse de l'impossible équation du régime fiscal en MLS et en Chine

Soccrates Images/Getty Images
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Annoncé sur le départ cet été, Gareth Bale refuse toujours de baisser ses émoluments. Un véritable bourbier pour le joueur et le Real Madrid.


Dans une impasse sportive au Real Madrid, Gareth Bale doit désormais trouver un nouveau point de chute à l'intersaison, un an après son départ avorté en Chine dans les derniers instants du mercato. Cependant, une problématique subsiste pour le Gallois, qui n'est toujours pas enclin à faire un sacrifice financier dans la perspective d'un transfert en Chine ou aux Etats-Unis. Analyse.

Le plafond salarial made in MLS

À l'exception faite de trois joueurs au sein d'une même équipe, la Major League Soccer plafonne les salaires à hauteur de 590 000 dollars, soit environ 546 000 euros pour chaque joueur dit "désigné". Cette somme est ensuite prélevée sur la masse salariale et payée par la Ligue, le restant dû étant à la charge du club.

Dans cette configuration, seulement trois footballeurs au sein d'une franchise peuvent prétendre à ce régime fiscal élargi. Un système mis en place en 2007, coïncidant avec l'arrivée de David Beckham dont les émoluments étaient incompatibles avec les exigences salariales de la MLS.

Depuis, de nombreuses stars ont pu bénéficier de cet avantage à l'image de Robbie Keane, Tim Cahill, Obafemi Martins, Jermain Defoe, David Villa, Didier Drogba, Kaka, Steve Gerrard ou encore Frank Lampard. Pour autant, cette prévalence ne sous-entend pas en revanche la possibilité pour toutes les franchises américaines de pouvoir assumer les charges salariales de Gareth Bale.

Le joueur le mieux payé de MLS

Pour mieux comprendre le gouffre financier qui sépare l'ancien joueur des Spurs à une signature dans une franchise américaine, il est profitable de faire un comparatif avec Chicharito, qui a paraphé un contrat avec le Los Angeles Galaxy l'hiver dernier.

Passé par Manchester United ou encore le Real Madrid, le Mexicain est devenu le footballeur le mieux payé des Etats-Unis avec des émoluments estimés à 9 millions de dollars brut annuel, soit environ 8.3 millions d'euros. Un montant faramineux qui pourrait être quadruplé dans la situation de Gareth Bale, en prenant en compte le salaire, les primes, les revenus liés au droit à l'image. Autant de critères qui font aujourd'hui gonfler l'addition à 28.7 millions d'euros brut annuel, rendant inévitablement cette transaction incompatible.

Un régime fiscal labyrinthique

Accrochez-vous, au risque de décrocher définitivement, la "Jock Tax", à ne pas traduire simplement par la "Blague Taxe", régit le déplacement des sportifs sur le territoire américain dans le cadre d'une taxe imposée par l'Etat.

Concrètement, même si Gareth Bale arrive à trouver un terrain d'entente d'un point de vue salarial, l'international gallois devra également prendre en compte dans ses calculs cette fameuse taxe qui est fixée selon les États. Autrement dit, l'ailier droit du Real Madrid sera prélevé à chaque déplacement avec sa formation d'un montant défini par un taux fixe selon la destination.

À titre de comparaison, en supposant que Gareth Bale signe à l'Inter Miami, le Gallois pourrait se voir ponctionner 13,3% de son salaire mensuel lors d'un match à l'extérieur puis 5,5% lors du suivant. Un casse-tête juridique qui s'additionne à la taxe dont le footballeur doit s'acquitter selon l'État où il joue à l'année.

L'Inter Miami : la fausse bonne idée

Le projet de David Beckham a mis du temps à germer en raison du cauchemar juridique et administratif. Et il n'est pas prêt d'être finalisé suite au contentieux juridique imposé par l'Inter Milan qui dénonce "une utilisation frauduleuse de l'image du club" (Inter).

Pour autant, en quête du fameux rêve américain, l'ancienne gloire de Manchester United ne s'interdit pas de rêver après avoir largement vendu sa nouvelle franchise dans les médias. Arturo Vidal, David Silva ou encore James Rodriguez, autant de noms qui ont été associés au mercato de l'Inter Miami qui a ouvert ses portes au mois de février. Et si le projet sportif est alléchant, une ombre vient cependant noircir le beau tableau dressé par David Beckham.

Face à l'impossibilité de trouver un compromis sur le plan sportif et financier, Gareth Bale doit aujourd'hui se résoudre à diminuer son salaire pour signer en MLS. À défaut, l'ancien joueur des Spurs devra convaincre les dirigeants madrilènes de prendre en charge une partie de ses revenus dans la perspective d'un départ dans un autre club. Une option aujourd'hui totalement écartée par la direction des Merengue, qui n'est pas disposée à consentir à cet effort.

Avec plusieurs mois de retard, le nouvel écrin flambant neuf d'une capacité de 25.000 places, commandé par l'ex-international anglais, devait être livré au deuxième semestre 2019. Mais le coronavirus est venu freiner entre-temps l'euphorie du Spice boy anglais.

Au mieux, la nouvelle enceinte devrait être disponible à l'horizon 2022, si toutes les conditions sont réunies. Un constat irrévocable pour Gareth Bale qui a besoin de s'illustrer devant un "public".

Les deux options possibles

À l'image de la MLS, Gareth Bale ne devrait pas se tourner vers la Chine en raison du nouveau projet de loi mis en place par la Fédération chinoise de football (CFA) en décembre 2019.

Afin de limiter les revenus extravagants, la CFA impose depuis 2020 un plafond salarial de 3 millions d'euros pour tout joueur étranger. Une nouvelle entrave qui pourrait repousser encore un peu plus un départ inéluctable du Gallois, obligeant au passage le Real Madrid à patienter avant de pouvoir récupérer des liquidités.