Exclu 90min : Le coach personnel de Xavi Simons explique les dessous de sa transformation spectaculaire

Jonathan Mengeli, coach sportif de Xavi Simons, est revenu sur son impressionnante transformation physique.
Jonathan Mengeli, coach sportif de Xavi Simons, est revenu sur son impressionnante transformation physique. / ©Instagram/CoachZ
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Coach sportif français résident à Barcelone depuis maintenant sept ans, Jonathan Mengeli joue déjà dans la cour des grands. Connu sous le nom de Coachzworld sur Instagram, il a exercé avec quelques stars du football mondial. Moussa Wagué, Kheira Hamraoui ou encore Moussa Dembélé font partie de ceux qui ont travaillé ou travaillent encore à ses côtés.

Dernièrement, il a pris en main l'un des plus grands joyaux du centre de formation du PSG : Xavi Simons. Depuis qu'il s'entraîne sous ses ordres, le jeune milieu parisien s'est transformé. Jonathan Mengeli n'a pas hésité à nous en dire plus sur l'une des plus grandes promesses du club de la capitale.


Comment avez-vous connu Xavi Simons ?


Étant coach d'athlète de haut niveau, cela fait un peu plus d'un an que je travaille avec Xavi Simons. Je l'ai connu par l'intermédiaire de son grand frère. Il m'a informé qu'il avait la nécessité d'avoir un coach disponible à 100%, pour Xavi. Au Barça, il allait rejoindre les Juvenil - équivalent des U19 - et il fallait qu'il se prépare athlétiquement et physiquement, pour faire face à ses prochains objectifs : atteindre le monde professionnel le plus rapidement possible

""J'ai aussi coaché Moussa Dembélé (l'actuel attaquant de l'OL, NDLR), lorsqu'il jouait au Celtic Glasgow durant peu de temps.""

Jonathan Mengeli

Avec quels joueurs avez-vous travaillé ?

Au départ, j'ai commencé avec de jeunes joueurs des catégories inférieures du FC Barcelone et de l'Espanyol Barcelone. Par la suite, j'ai commencé à entraîner Moussa Wagué (latéral de l'OGC Nice prêté par le FC Barcelone, NDLR), qui a déjà débuté avec l'équipe première du FC Barcelone, avant de rejoindre Nice. On a commencé quand il était en équipe B, et après son départ pour Nice, on a continué.

J'ai aussi coaché Moussa Dembélé (l'actuel attaquant de l'OL, NDLR), lorsqu'il jouait au Celtic Glasgow durant peu de temps. Il y a aussi la joueuse internationale tricolore Kheira Hamraoui, qui évolue au FC Barcelone et qui s'entraîne aussi avec moi. Par ailleurs, j'entraîne aussi un jeune joueur prometteur, Alessandro Burlamaqui, qui joue à l'Espanyol Barcelone. Il a été placé dans les 60 joueurs les plus prometteurs de la planète au mois d'octobre dernier par The Guardian.

En plus de Micky Van Buren (milieu d'ADO Den Haag) j'ai également entraîné Merveil Ndockyt, un ancien joueur du Barça qui est parti en Croatie, en août 2019. Au final, travailler avec des footballeurs, ça s'est fait tout seul. Les joueurs ont commencé à m'appeler de plus en plus.


""Lorsque le confinement a débuté, l'entourage du joueur souhaitait qu'il reste en forme.""

Jonathan Mengeli

Comment faire pour s'occuper de plusieurs joueurs qui ne sont pas dans le même pays ?

Avant la pré-saison, les joueurs viennent directement à Barcelone. Ici, j'ai toutes les installations nécessaires pour entraîner les footballeurs : salle de sport, terrains etc ... En général, ils viennent passer deux semaines avec moi pour se préparer.

Prenons l'exemple de Xavi Simons : quand il a signé au Paris Saint-Germain, je me rendais toutes les semaines à Paris. Pour moi, c'était parfait. Lorsqu'il a rejoint Paris, les parents du joueur m'ont demandé si je voulais continuer à l'entraîner. Il n'y avait aucun problème pour moi.

Lorsque le confinement a débuté, l'entourage du joueur souhaitait qu'il reste en forme. On a commencé à faire les exercices, par vidéoconférence. Cela démarrait sur un rythme de trois fois par semaine, jusqu'à le faire six jours par semaine, lors du dernier mois de confinement.

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Quand et comment avez vous décidé de travailler durant le confinement ?

Lorsqu'on est entré en confinement et que le championnat a été suspendu, les clubs ont envoyé un programme pour maintenir les joueurs en forme. Ce fut notamment le cas pour Moussa (Wagué) à l'OGC Nice. C'était un programme assez générique, pas spécifique à chaque joueur. Les parents de Xavi Simons m'ont alors contacté. On a parlé ensemble et il y avait cette nécessité de travailler les points que Xavi devait absolument améliorer, pour prétendre à débuter en Ligue 1, dans la saison à venir.

""En termes de chiffres, en deux mois de confinement, on a réussi à lui faire gagner 3 kilos de masse musculaire. C'est quand même très important, en si peu de temps.""

J.M.

Le résultat final est au-delà des espérances ou c'était l'objectif ?

Je connais mon travail parfaitement. Je sais comment est Xavi, la détermination qu'il a. J'étais convaincu que l'on pouvait y arriver. Le processus s'est accéléré durant le confinement. En raison de la surcharge de cardio, il est difficile pour un athlète de développer une masse musculaire rapidement. Lors du confinement, il n'y avait plus de matchs et on a pu travailler sur la masse musculaire.

On a rapidement pu atteindre les objectifs que l'on avait fixé sur une saison entière. En termes de chiffres, en deux mois de confinement, on a réussi à lui faire gagner 3 kilos de masse musculaire. C'est quand même très important, en si peu de temps.


""L'objectif, c'est de le voir, lors de la prochaine saison, faire ses premiers pas dans le championnat français.""

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Comment voyez-vous son avenir ?

Je ne vais pas le cacher, c'est une très grande promesse. Il a le talent, il a tout pour évoluer au plus haut niveau. Si le PSG l'a signé, c'est dans la perspective de pouvoir le faire entrer en équipe première à un certain moment. Je pense que ce qui lui manquait, c'était un peu le physique. En Espagne, on a un jeu totalement différent. En France, il y a plus d'impact physique. Il faut être assez costaud pour rivaliser et être performant en Ligue 1. L'objectif, c'est de le voir, lors de la prochaine saison, faire ses premiers pas dans le championnat français.

On imagine que le voir jouer en Ligue 1 serait une grande fierté pour vous ?

Je suis Français, j'ai grandi en région parisienne. Le PSG, je connais ce club parfaitement, par rapport à mon enfance. Pour moi, ça serait une fierté de permettre à un joueur d'évoluer à côté de Neymar, Kylian Mbappé ou encore Marco Verratti.

""Son objectif est clair, il veut faire partie des meilleurs joueurs au monde.""

J.M.

Quelles sont les forces et les faiblesses du joueur ?

Xavi Simons a une très grande détermination, c'est un grand bosseur, très sérieux et qui garde toujours les pieds sur terre. Il ne se dit jamais que tout est acquis. Il a cette volonté d'être toujours un peu plus fort en ajoutant 1% de gain, chaque jour, à son expérience.

Il a cette volonté de pouvoir arriver au plus haut niveau très rapidement et être prêt. Son objectif est clair, il veut faire partie des meilleurs joueurs au monde. Il donne tout pour être à ce niveau-là. Quand je dis tout, ce n'est pas seulement le football. Il a une routine déjà très élaborée. Il se prépare physiquement, mais aussi mentalement.

C'est un peu le point négatif aussi. Je lui dis souvent, qu'il ne faut pas être trop pressé. Il est encore très jeune, il doit prendre son temps. Lorsqu'il n'arrive pas à faire quelque chose, il est soucieux de rectifier le tir, le plus rapidement possible.

""Ce n'était plus qu'une simple relation de coach à athlète, mais plus une relation de grand frère à petit frère.""

CoachZ

Une anecdote pour décrire ce tempérament ?

J'ai un exercice que j'aime bien faire avec lui. La première fois que je l'ai fait avec lui, il n'y arrivait pas. Il était tellement frustré à son départ. La semaine suivante, il est reparti à la Masia, puis je l'ai revu.

On a retenté l'exercice, et il a réussi cette fois-ci. Il m'a alors confessé que, toute la semaine avant ses entraînements, il reproduisait l'exercice, pour revenir me voir et me montrer qu'il savait le faire. Pour moi, c'est une machine à réussir. Quand il y a des choses qu'il ne parvient pas à réaliser, je vous promets que lorsque je ne le vois pas pendant plusieurs jours, il va réussir à le faire quand on va se revoir.

Comment jugez-vous votre relation ?

Il faut savoir que Xavi est très timide. Au début, quand on s'est connus, il était très difficile de lui faire sortir un mot de la bouche. Ensuite, la confiance s'est installée. Cela s'est aussi accéléré durant le confinement. Il était seul à la maison, il ne voyait plus ses amis. La connexion sociale était compliquée, pour tout le monde. Lors de cette période, on passait du temps ensemble, quasiment tous les jours. Ce n'était plus qu'une simple relation de coach à athlète, mais plus une relation de grand frère à petit frère.

C'est une relation propre à Xavi ? Ou avec les autres athlètes aussi ?

En général, avec les athlètes que j'entraîne, la relation se noue avec le temps. Le fait de côtoyer cette personne, de lui parler souvent, il est normal qu'il y ait du lien qui s'installe. On me demande souvent des conseils qui n'ont rien à voir avec le foot. Avec Xavi, c'était beaucoup plus fort, parce que je le côtoyais tous les jours.

""Je lui avais alors suggéré d'aller au PSG, bien avant que le transfert se réalise.""

Jonathan Mengeli

Et avez-vous eu impact sur son transfert au PSG ?

Avant qu'il aille au PSG, quand il était encore au Barça, il me disait déjà qu'il ne comptait pas rester. Il m'avait prévenu qu'il ne savait pas quoi faire et qu'il avait eu des offres des plus grands clubs. C'est à ce moment-là qu'il m'a demandé mon point de vue sur la suite de sa carrière. Je lui avais alors suggéré d'aller au PSG, bien avant que le transfert se réalise.

C'est une preuve que ce n'était pas seulement une relation simplement professionnelle. Je sais aussi que le PSG est venu vers lui et qu'il avait un ami du FC Barcelone, Kays Ruiz-Atil, qui avait lui aussi rejoint Paris.

Au vu de la politique actuelle, c'est un très bon choix ?

Le PSG a ce désir de faire évoluer les joueurs U19 en équipe première, à l'avenir. C'est un très bon choix. On est dans une ère, où le PSG veut prendre soin de ses jeunes joueurs et les amener au plus haut niveau. Il y a des possibilités. Des possibilités qu'il n'avait pas au FC Barcelone. Actuellement, les Blaugrana utilisent beaucoup moins les joueurs de la Masia, qu'auparavant.

Comment gère-t-il son arrivée en France ?

Xavi Simons a beaucoup de détermination. Il n'est pas en France depuis très longtemps, et il parle déjà la langue. Pendant le confinement, le PSG est venu faire un documentaire chez lui, voir sa routine, comment il s'entraînait. Le club était présent lors d'une session d'entraînement, par vidéoconférence.

On a fait la session en français, et il a tout compris. Ce n'est pas un joueur qui est arrivé, en se disant qu'il devait seulement jouer au football. Il dédit des heures, tous les jours, à apprendre la langue. Je lui ai dit en le chambrant "dans quelques mois on va parler en français". Il rigolait, mais pourtant, c'est arrivé.

""C'est une erreur d'avoir arrêté la Ligue 1 très rapidement. Il aurait fallu attendre un peu, comme l'a fait l'Allemagne ou l'Espagne.""

CoachZ


Comment gérer cette notoriété alors qu'il a tout juste 17 ans ?


Ce n'est pas facile, croyez-moi ! Lorsque l'on s'entraînait à Barcelone, des gens lui couraient après, pour avoir des autographes ou des photos. Bien évidemment, il le fait de temps en temps. Il le sait, ils remercient ses fans. Ces gens qui le soutiennent. Même si ce n'est pas évident pour lui, il arrive à garder les pieds sur terre. C'est très positif pour l'avenir.

D'un point de vue général, tous les footballeurs travaillent avec un coach ?

Pas forcément. Tous les joueurs n'ont pas de coach sportif. De nombreux joueurs se contentent uniquement des entraînements en club. Le coach sportif est un extra que certains joueurs peuvent se permettre. On le voit très bien avec Neymar au Brésil, Cristiano Ronaldo ou même Presnel Kimpembe. On constate que ces joueurs, pendant les vacances, ils ont des coachs privés pour les aider à se maintenir en forme.

C'est une nouvelle facette du football. On a connu le football où on s'entraînait uniquement en club, puis on rentrait à la maison, passer du temps avec sa famille et ses amis. Désormais, il y a cette nécessité d'être beaucoup plus performant sur les terrains, athlétiquement et techniquement, pour rendre de meilleurs services au collectif.

Le confinement et l'arrêt du championnat aura-t-il un impact sur le football français ?

Je n'en doute pas. Les clubs vont être pénalisés. C'est une erreur d'avoir arrêté la Ligue 1 très rapidement. Il aurait fallu attendre un peu, comme l'a fait l'Allemagne ou l'Espagne, surtout pour le PSG qui dispute la Ligue des Champions.

Durant cette longue période d'arrêt, il y a très peu de joueurs qui se sont maintenus en forme. On leur a annoncé que le championnat était terminé, et ils se sont complètement relâchés. En ne prenant plus soin de la nutrition, et en ne s'entraînant que quelques fois.

Quatre mois sans football c'est beaucoup trop. Cela a porté préjudice à beaucoup de joueurs. Il y a de nombreux joueurs que je connais qui ont pris 3-4 kilos durant ce confinement.