Entretien : Farid Fouzari, l'architecte de l'épopée de Canet Roussillon en Coupe de France

La joie des joueurs de Canet après la victoire face à l'OM.
La joie des joueurs de Canet après la victoire face à l'OM. / RAYMOND ROIG/Getty Images
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Avant d'affronter Montpellier ce mardi soir en quarts de finale de Coupe de France, l'entraîneur de Canet, une des deux seules équipes de Nationale 2 encore engagée, s'est confié à 90min.


Arrivé l'été dernier au Canet Roussillon FC, Farid Fouzari a déjà écrit la plus belle page de l'histoire du club. Après avoir réalisé l'exploit contre l'OM (2-1) puis enchaîné en éliminant Boulogne (National, 1-0), le CRFC (N2) accède aux quarts de finale de la Coupe de France pour la première fois de son histoire.

Une compétition que connaît bien Farid. L'ancien entraîneur adjoint de Sedan a connu une finale (perdue contre Nantes, 0-1) en 1999. Plus récemment, il a emmené Prix-lès-Mézières (N3) puis l'Athlético Marseille (N3) en 16es.

À quelques heures de se mesurer une nouvelle fois à un gros morceau après avoir tiré Montpellier, celui que l'Indépendant a surnommé le "Mourinho des Ardennes" revient sur l'exploit contre l'OM, le tirage au sort des quarts de finale et la nécessité de continuer à rêver. Entretien.

Que s’est-il passé dans votre tête après votre victoire contre l’Olympique de Marseille en 16es de finale et comment avez-vous vécu les jours suivants ?

On a laissé quelques jours de récupération pour profiter de ce moment-là. Cela nous a permis aussi de couper, il y’a eu tellement d’émotions, c’est le genre de moment qu'il faut savourer.

Dans quelle mesure le match contre l’OM a changé votre perception du match contre Boulogne ensuite ?

On a pas changé notre façon de se préparer, on a pas changé de système. J’ai décidé de rester dans notre système de jeu actuel. Contre Boulogne, j’ai bétonné en fin de match et fait des changements à vocation défensive pour rester à 1-0.

On a été poussé dans nos retranchements mais on s'est aussi adapté et on a su garder notre cage inviolée et c'est ce qui compte. Les consignes étaient différentes mais les principes de jeu restent les mêmes. C'est l’animation qui fait la différence.

"La plus grosse équipe en France, c’est le PSG. Si personne ne veut jouer contre Paris, là je ne comprends pas."

Farid Fouzari
Farid Fouzari lors de sa signature à Canet Roussillon.
Farid Fouzari lors de sa signature à Canet Roussillon. / ©Facebook Canet RFC

Vous avez hérité de Montpellier au prochain tour, vous auriez préféré tirer un autre adversaire ?

Quand on a un tirage au sort comme ça avec encore le PSG, on y pense. La plus grosse équipe en France, c’est le PSG. Si personne ne veut jouer contre Paris, là je ne comprends pas. Maintenant Montpellier est une très belle équipe de Ligue 1.

Ils ont eu un mois décembre compliqué mais ils seraient dans les 3-4 premiers sinon. J'ai vu leur match à Lille, c’est du très très haut niveau. On parle d'une équipe potentiellement européenne en fin de saison.

Que se dit-on à ce stade de la compétition, on préfère optimiser ses chances d’aller le plus loin possible ou poursuivre le rêve contre les plus grosses équipes de France quitte à augmenter ses chances de sortir plus tôt ?

Quand on arrive en quarts, il y’a pas de petites équipes. Nous sommes encore deux équipes de N2 dans la compétition (Canet et Rumilly, ndlr) et on représente un peu le monde amateur. On aurait pu se rencontrer et il y aurait eu une N2 en demi-finale, ça aurait été extraordinaire. Mais jouer Lyon, Monaco ou Angers est tout aussi extraordinaire. Maintenant, le tirage est une chose, le match en est une autre.

Après l’arrêt des championnats, la Coupe reste en quelque sorte votre seul moyen de s'entraîner avec un objectif, est ce que cela donne encore plus envie d’aller très loin ?

Les joueurs le savent, les entraînements peuvent s’arrêter le soir de Montpellier. On attendra la fin de semaine pour en savoir plus sur la fin de saison mais on n'y pense pas encore.

Si on passe, on repousse l'échéance jusqu'au 11 ou 12 mai (dates des demi-finales) et là cela nous permettra de nous projeter encore un peu plus. Il faut se dire que nous sommes des privilégiés par rapport à nos autres collègues du monde amateur.

Est-ce que l'on se sent plus attendu après avoir battu l’OM et en étant arrivé à ce stade de la compétition ?

Je ne pense pas que Montpellier ait peur de nous. Ils sont en Ligue 1 et ils ont joué Lille ce week-end. Sans leur passer la pommade, c'est le top 4. Dans un championnat de L1, on sait qu’on serait derniers, mais sur un match de Coupe, on peut passer."

Dans L’Indépendant, au lendemain de votre victoire contre l’OM, on vous a surnommé le Mourinho des Ardennes...

(rires) C’est une expression que j’avais sorti un jour à Arnaud Hingray (journaliste pour L'Indépendant). Je lui avais dit « je suis pas le Mourinho des Ardennes » . Et il a repris ça le lendemain. Ça vient de mes parcours en Coupe de France.

Vous avez un entraineur référence en Europe ?

J’aime bien le Mourinho de l’époque ou Guardiola maintenant, des entraîneurs qui prônent un jeu plutôt offensif. Mais mes références sont plutôt des entraîneurs avec qui j'ai évolué comme Patrick Remy (entraîneur de Sedan entre 1998 et 2000) et qui m'a appris le métier. On s'appelle encore maintenant et il me donne toujours des conseils.

Quelles seront les clés et le maître mot contre Montpellier ?

Il n'y a pas de potion magique, c’est garder notre système. Ils sont très forts devant et au milieu, je ne vais pas dire que c’est faible derrière mais c’est une très bonne équipe de copains et de joueurs et il faudra insister là où ça peut faire mal.

Vous êtes un habitué des épopées en Coupe de France désormais, est ce que retourner entraîner au niveau professionnel en championnat est quelque chose auquel vous songez ?

"Oui forcément. J’ai été adjoint en Ligue 1 et en Ligue 2. Demain je pourrais retourner à mon premier métier d’entraîneur adjoint. Travailler à la formation. Mais aujourd’hui, je suis à Canet, je ne suis concentré que sur le prochain match et uniquement sur notre fin de saison avec le club.

Vous avez déjà eu des propositions ?

Comme chaque année, il y a des contacts et des sollicitations, mais je ne vais pas le crier sur tous les toits (rires).