Coupe du monde U20, équipe de France, le football anglais : Etienne Camara se livre avant le Mondial en Argentine

À quelques heures du coup d'envoi de la prochaine Coupe du monde U20 (20 mai - 11 juin), les Bleuets se sont envolés direction l'Argentine. Dans le pays des champions du monde, les hommes de Landry Chauvin espèrent se faire leur place au soleil et se révéler aux yeux de la planète football.

Parmi eux, le jeune et prometteur milieu de terrain d'Huddersfield Town, en Championship (D2 anglaise), Etienne Camara. Formé à l'US Torcy et passé par le SCO d'Angers, le jeune homme se livre en exclusivité pour 90min.

Huddersfield et le football anglais

Etienne pourrais-tu présenter ton parcours ? Comment es-tu arrivé en Angleterre ?

J'ai commencé le football à sept ans dans le club de ma ville, Torcy. J'y suis resté jusqu'à mes 16 ans. J'ai fait toutes mes classes à Torcy et ensuite, j'ai été détecté par le SCO d'Angers. Je suis parti six mois à Angers. Ça ne s'est pas forcément bien passé. Du coup, ma famille et moi, on a décidé de revenir. Et ensuite, j'ai eu ce projet à Huddersfield qui s'est proposé à moi. Il a été super intéressant. Donc, on y est allé directement.

Qu'est-ce qui t'a convaincu de partir à Huddersfield plutôt que de rester en France par exemple ?

Quand je jouais à Torcy, j'étais parti en essai à Huddersfield et franchement, ça s'était super bien passé. J'avais vraiment senti qu'il y avait un bon projet pour moi. Mais avec mes parents, on a décidé de rester en France parce que c'était encore très tôt. J'étais encore jeune. Du coup, je voulais avoir une expérience en France. Je suis parti à Angers, ça ne s'est pas très bien passé. Et je me suis dit que c'était le bon projet et que je devais prendre mon envol pour l'Angleterre.

Qu'est-ce qui a fait que ça ne s'est pas très bien passé à Angers ?

La seule chose qui ne m'a pas plu, c'est que je ne me suis pas senti dans le projet, on va dire. Je ne me suis pas senti impliqué dans le projet. C'était vraiment un critère que je recherchais énormément : être impliqué dans un projet. À Huddersfield, ils ont su m'apporter cela.

Qu'est-ce qui t'attire et te plaît dans le football anglais ?

Je sais qu'en Angleterre, c'est un jeu très direct, ça va très vite, ça demande des capacités. Il faut être au top physiquement, techniquement et il faut être très solide. C'était vraiment une palette que je voulais rajouter à mon jeu et je pense que c'est une étape qui m'aidera à franchir des caps tout au long de ma carrière.

En quoi le football anglais correspond à tes qualités ?

Techniquement, je dirais que je suis à l'aise.. J'aime beaucoup ressortir propre. J'aime beaucoup jouer au football. Physiquement aussi, je suis assez costaud. Je récupère beaucoup de ballons, j'essaie de me projeter vers l'avant. Donc, je pense que c'était vraiment la bonne étape pour avancer, on va dire.

Qu'est-ce qui rend, à tes yeux, le Championship si unique ?

Je pense que tous les championnats sont compliqués, mais en Championship, c'est différent parce qu'il y a énormément de matchs, ça joue à peu près deux fois par semaine et c'est très physique, c'est très intense, ça demande beaucoup de rigueur dans le travail. Je pense que c'est ce qui le rend aussi spécial. Et puis il y a aussi les supporters. Tous les week-ends, les stades sont remplis, il y a vraiment de la passion, donc ça motive et ça donne envie de tout donner sur le terrain.

Comment est-ce que partir aussi tôt en Championship peut t'aider dans la suite de ta carrière ?

Ça va m'apporter beaucoup. C'était vraiment ce projet là que je recherchais, ça veut dire être autour d'une équipe première. Donc, dès que je suis arrivé à Huddersfield, après trois mois, j'ai fait mes débuts en FA Cup et ils m'ont vraiment poussé. J'ai eu un programme particulier, j'avais des entraînements particuliers pour m'améliorer. C'était vraiment ce qu'il me fallait.

Quel bilan tires-tu de ta saison, ta première saison pleine avec les professionnels ?

Je dirais que ça a été une bonne saison. Ça a été une bonne saison, malgré la difficulté. Il y a eu un début de championnat qui s'est très bien passé. J'ai joué la plupart des matchs en tant que titulaire. Il y a une deuxième partie de saison un peu plus compliquée. J'ai beaucoup moins joué, mais je pense que c'est que du positif et ça me servira de leçon. Ç'a été une super expérience.

On a eu quatre entraîneurs différents. Je pense que ça va me servir parce que j'ai dû m'adapter à chaque coach. Les attentes étaient différentes. C'était compliqué, on a joué le maintien. Il y avait énormément de joueurs, donc il fallait vite s'adapter. Et j'étais l'un des plus jeunes. Mais je suis toujours resté positif et j'ai toujours essayé de m'adapter aux consignes du manager. Je pense que c'est un atout pour moi, pour le futur.

Comment tu expliques la saison complètement folle que tu as connu avec Huddersfield ?

Franchement, ça, c'est la Championship ! Ce n'est pas surprenant. L'année dernière, on joue les playoffs pour monter en Premier League. Cette année, on se retrouve à jouer le maintien. Ce sont des choses qui arrivent et je pense que ça fait partie du championnat. Parce qu'on ne sait pas ce qui peut se passer. Le premier peut perdre contre le dernier, le dernier peut gagner contre le premier. On ne sait jamais ce qui peut se passer, c'est ce qui le rend fou. C'est ce qui le rend aussi beau.

Tu joues avec quelques joueurs français à Huddersfield, ils ont facilité ton intégration au club ?

Oui, bien sûr. Eux, ils sont arrivés une année avant moi. Quand je suis arrivé, ils m'ont vraiment aidé pour l'intégration. Ç'a été très facile. Ils ont été là pour moi et on vivait ensemble aussi durant toutes ces années en famille d'accueil. Ils m'ont vraiment apporté leur aide et je leur en suis reconnaissant.

La Coupe du monde U20

Etienne, tu as reçu ta convocation en fin de semaine dernière avec l'équipe de France U20 pour disputer la Coupe du monde. Quelles sont tes sensations avant ce grand événement ?

Franchement, c'est un rêve. C'est un rêve. Je pense que tout joueur aimerait jouer la Coupe du monde. Maintenant, j'ai cette opportunité-là et je dois la saisir. On part là-bas avec un réel but, c'est de tout donner. C'est une fierté. J'ai hâte de voir ce que ça nous réserve.

Si tu devais te présenter auprès des supporters français qui n'ont pas la chance de te voir jouer avec Huddersfield, qu'est-ce que tu leur dirais sur ton jeu, quelles sont tes principales qualités ?

Je me présenterais comme un joueur à l'aise avec le ballon techniquement, physiquement aussi très costaud et déterminé. J'ai envie de tout donner sur le terrain et de donner le meilleur de moi-même.

Tu as été sélectionné pour la première fois avec l'équipe de France U20 pour cette Coupe du monde. Comment ça s'est fait ?

J'avais été pré sélectionné en novembre, si je ne me trompe pas. Malheureusement, je n'ai pas pu y aller en raison d'une blessure. Du coup, j'ai eu le coach directement, Landry Chauvin, qui avait aimé mon profil et qui m'avait dit que j'avais toutes mes chances d'être à la Coupe du monde. C'est comme ça que ça s'est fait.

Tu connaissais déjà Landry Chauvin ?

Non, jamais. C'était la première fois que je lui ai parlé au téléphone et ça m'a vraiment fait plaisir quand il a pris son téléphone pour m'appeler et se présenter à moi. J'ai suivi un peu les matchs de l'équipe de France U20, et je pense qu'on l'a tous vu : il y a énormément de qualité, ça joue super bien. J'ai hâte de voir ce qui va se passer en Argentine.

À titre personnel, quels objectifs t'es-tu fixé pour ce Mondial ?

Ce que je veux vraiment, c'est tout donner, aller aider l'équipe au maximum et voir, par exemple, si je vais commencer titulaire ou remplaçant, mais peu importe. Je veux vraiment donner mon maximum et respecter les décisions du coach.

Et est-ce qu'il y a déjà un objectif clair qui a été donné pour cette Coupe du monde ?

Pas encore. Je n'ai pas eu l'occasion de discuter par rapport à ça (les Bleus se sont envolés pour l'Argentine dès dimanche, ndlr), mais je pense que l'objectif, il est clair : c'est de la gagner.

Est-ce que tu connais déjà certains joueurs de cette sélection ?

Je connais quelques joueurs de cette équipe. Après, je pense que le reste, je vais les découvrir. J'ai déjà joué contre des joueurs auparavant, j'en connais quelques-uns de nom. Si je devais citer quelques joueurs à suivre ? Je dirais toute l'équipe. Il n'y a pas de joueur en particulier. Je pense qu'on est en groupe. C'est ensemble qu'on ira loin, donc toute l'équipe. Toute l'équipe sera à suivre.

Comme j'ai dit, c'est ma première sélection. Je ne connais que quelques joueurs, mais je pense qu'on a tous des qualités si on a été appelés. Donc, c'est à nous de créer un lien et puis une réelle équipe. Je pense qu'on va essayer de tout donner. C'est une chance, c'est une opportunité de se montrer aussi. Donc, on va essayer de donner notre maximum et essayer d'aller au bout.

Partir dans un pays comme l'Argentine où le football est roi, qu'est-ce que ça te fait ?

C'est le pays du football. Et puis, comme je l'ai dit, c'est un rêve de faire une Coupe du monde. Donc maintenant, on y va, on va tout donner et on verra comment le tournoi se passe.

Le football en Île-de-France

Etienne, toi qui est formé à Torcy, quel regard portes-tu sur la formation en Île-de-France ?

Ce que j'ai vraiment apprécié, moi, c'est le côté compétitif. Je pense qu'en Île de France, tous les week-ends, il y a des gros matchs. Tous les week-ends, tu as envie de gagner. C'est vraiment ça qu'on a appris depuis petit, on va dire. C'est ce qui nous aide tout au long de notre carrière. Donc, je pense que c'est intéressant.

Qu'est-ce qui fait que les joueurs formés en Île-de-France sont si forts et amenés à exploser au plus haut-niveau ?

Comme j'ai dit, c'est très compétitif et je pense que c'est aussi une question de détermination. C'est la détermination, vouloir gagner, c'est ce qui pousse au plus haut niveau. Franchement, je ne saurais pas vous l'expliquer, mais je pense que c'est vraiment la détermination, l'envie.

Quels joueurs te servent de modèle et t'inspirent ?

J'aime beaucoup Zinédine Zidane, j'aime beaucoup Paul Pogba et aussi Sergio Busquets, j'aime beaucoup. C'est des joueurs que je regarde énormément. Je dirais que c'est ça, c'est un peu ces joueurs qui m'inspirent.

Justement, Paul Pogba vient aussi de Torcy. Est-ce qu'on t'a beaucoup comparé à lui ?

Non, pas vraiment. C'est un joueur que j'ai beaucoup regardé. J'apprécie beaucoup sa manière de jouer. Il vient de Torcy aussi, donc son parcours, il est un peu similaire au mien pour l'instant (rires). C'est vraiment un joueur que j'apprécie.

Justement, est-ce que ta décision de partir si tôt à Huddersfield a aussi été motivée par son parcours ?

Honnêtement, j'y ai pensé, mais pas vraiment. Je pense que le projet Huddersfield était vraiment bon et je me suis dit : "Let's go, on fonce et on essaye" pour ne pas avoir de regrets.

Son futur

Etienne, te vois-tu rester la saison prochaine à Huddersfield ? Le projet te correspond-t-il toujours ?

Oui, il me reste un an de contrat à l'heure actuelle. Je suis un joueur qui appartient à Huddersfield. L'année prochaine j'y vais pour m'imposer, comme je l'ai fait avant le début de saison.

Comment envisages-tu la suite sans Neil Warnock ?

Oui, il va partir, ç'a a été confirmé il y aura un nouveau coach pour la pré-saison. Je pense que c'est vraiment aux joueurs de s'adapter à ce que l'entraîneur demande, c'est vraiment la base.

Pour la suite de ta carrière, y a-t-il un championnat qui t'inspire et que tu aimerais découvrir un jour ?

Bien sûr, je regarde beaucoup la Bundesliga et la Serie A aussi. Je pense vraiment que c'est des championnats qui peuvent m'intéresser pour un futur proche. Je pense qu'en Italie, c'est beaucoup plus tactique. Je pense que c'est une palette que je pourrais ajouter à mon jeu. Pour m'améliorer, c'est l'étape parfaite.

En Allemagne aussi, en Bundesliga, c'est très technique, ça joue beaucoup au ballon. Je pense que c'est vraiment un championnat où je pourrais m'imposer et ça rajouterait aussi une palette à mon jeu. C'est vraiment ces deux championnats que je vise pour mon développement. Après, bien sûr, tout dépend du projet, que ça soit en Ligue 1, en Premier League, en Espagne, je n'exclus pas ces pistes et je ne me ferme aucune porte. Mais c'est vraiment dans ces championnats que j'aimerais me développer.

L'hiver dernier, quelques belles offres sont arrivées du côté d'Huddersfield pour toi. Qu'est-ce qui a fait que tu as préféré rester ?

Je pense que ce n'était pas le bon moment. J'ai eu beaucoup de temps de jeu, donc je voulais vraiment aller au bout de cette saison et voir comment ça allait se passer. C'est pour ça qu'avec ma famille et mes agents, on a décidé de rester et continuer à se battre à Huddersfield.

Tu vas découvrir l'équipe de France U20. L'équipe de France A c'est le rêve ultime ?

Bien sûr, l'équipe de France A, c'est un rêve pour tous les joueurs en France, pour être honnête. Ça demande énormément de travail, ça demande énormément de travail. Ça demande aussi d'être rigoureux dans son club. Il y a beaucoup de travail avant, mais bien sûr que j'y pense.

Pour toi qui vient d'Île-de-France, qui vois-tu percer au plus haut niveau dans les années à venir ?

J'ai joué contre Hannibal Mejbri, contre Birmingham City (il y était prêté par Manchester United, ndlr). Franchement, un joueur très talentueux. Je pense que vraiment, il a un bel avenir. Et aussi, Brahima Diarra, mon coéquipier, qui a énormément de qualité. C'est vraiment un joueur à suivre.

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