EXCLU - Lucas Digne : Equipe de France, Coupe du monde 2026, Aston Villa - PSG... L'interview du doyen des Bleus

  • Lucas Digne nous a accordé une interview à Clairefontaine.
  • Le latéral des Bleus compte désormais 52 sélections en équipe de France.
  • Les Bleus affrontent l'Ukraine et l'Islande en ce début du mois de septembre.
Lucas Digne, latéral des Bleus, nous a livré une interview exclusive
Lucas Digne, latéral des Bleus, nous a livré une interview exclusive / Zac Alalouff - 90min - Sports Illustrated
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Lucas Digne, l'homme aux 52 sélections en Bleus et doyen du rassemblement de l'équipe de France en septembre, a accordé un entretien à 90min. Juste avant les deux matchs de qualification à la Coupe du Monde face à l'Ukraine et l'Islande, il s'est livré en exclusivité.

Clairefontaine, mardi 2 septembre. Au coeur d'un château qu'il fréquente depuis ses 15 ans, Lucas Digne a pris ses quartiers, une fois de plus, pour cette rentrée des classes. Juste avant les deux matchs de l'équipe de France face à l'Ukraine (5 septembre) et l'Islande (9 septembre), le joueur d'Aston Villa s'est présenté, tout sourire. Avec sa bonhomie si caractéristique, il a donné de son temps à l'occasion d'un entretien exclusif à 90min.

Le latéral gauche des Bleus (32 ans, 52 sélections), aborde cette nouvelle saison avec ambition. Travailleur acharné, il s'est refait une place d'incontournable dans la liste du sélectionneur Didier Deschamps. Car malgré son statut de doyen du rassemblement, Digne entend bien garder sa place lors des qualificatifs au Mondial, mais surtout après.

Le doyen des Bleus

90min - Bonjour Lucas, comment te sens-tu, en ce tout début de saison ?

Lucas Digne - Bonjour, Je me sens bien. C'est toujours un plaisir de pouvoir venir au Château de Clairefontaine, de retrouver tout le groupe. Et c'est important de bien commencer avec ces matchs de qualification.

90min - Quel est ton sentiment, quand tu reviens ici, que tu retrouves les coéquipiers français, le sélectionneur, les petits nouveaux aussi ?

L.D - C'est toujours une fierté de pouvoir venir ici à Clairefontaine. C'est quelque chose de fabuleux pour un joueur de pouvoir représenter ce maillot là. Et à chaque fois, c'est une fierté et un aboutissement personnel de pouvoir représenter son pays au plus haut niveau.

Lucas Digne
Lucas Digne à son arrivée à Clairefontaine pour le rassemblement de septembre / Franco Arland/GettyImages

90min - En fin de saison dernière, tu as franchi le cap des 50 sélections en Bleus. Tu en comptes désormais 52 avec l'équipe de France. Qu'est-ce que ce chiffre symbolique représente pour toi ?

L.D - C'est fabuleux. Ça montre tout le travail qui a été fourni derrière. C'est un joli nombre. Pour moi, c'est beaucoup de fierté parce que quand j'étais petit, je n'aurais pas forcément imaginé avoir tout ça. Le mot qui me revient, c'est la fierté.

Lucas Digne stats
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90min - Ta carrière en Bleus n'a pas toujours été simple. Il y a eu cette période entre 2022 et 2024 lors de laquelle tu n'a plus été appelé. Pourtant tu es revenu, sans doute encore plus fort. Comment l'expliques tu ?

L.D - Oui, un an et demi d'absence (rires). C'est vraiment le travail qui m'a permis de revenir. Je ne me suis jamais posé la question de quoi que ce soit. J'ai toujours travaillé comme je l'ai fait et je savais que si je travaillais dur, j'allais pouvoir revenir. Et j'ai eu cette opportunité et voilà. Maintenant, je suis là et je me sens super bien.

90min - Quel regard portes-tu sur ta saison dernière avec les Bleus ? Tu as franchi les 50 sélections, tu n'étais pas loin d'ouvrir ton compteur face à l'Italie sur coup-franc... Comment analyses tu cette année ?

L.D - Non, le coup-franc face à l'Italie, il n'a pas compté (rires). Ca faisait plusieurs saisons que je me sentais super bien à Aston Villa et c'est la concrétisation de tout le travail fourni. Le fait de bien me sentir, ça m'a donné l'opportunité de beaucoup jouer avec la sélection. C'était un tout. La saison dernière, tout s'est très bien passé pour moi aussi bien en club qu'avec l'équipe de France.

90min - Il va falloir continuer sur cette voie jusqu'à la Coupe du Monde. Comment on vit une année de Coupe du Monde quand on est joueur ?

L.D - Déjà, il faut se qualifier pour pouvoir aller à la Coupe du monde. C'est ça le plus important. J'ai vécu pas mal de qualifications, et je sais que ce n'est pas quelque chose de facile. Contrairement à ce que les gens peuvent penser, on n'est pas encore qualifié pour le Mondial. Il faut y parvenir, et après, on pourra se projeter petit à petit sur la Coupe du Monde.

90min - Tu avais participé à la Coupe du Monde 2014, c'était comment ?

L.D - Honnêtement, c'était incroyable (il sourit). Vivre la Coupe du Monde, dans un pays qui vit pour le foot, c'était juste fabuleux. J'étais très jeune et je m'en souviens. J'avais les yeux grands ouverts et j'ai juste profité.

Lucas Digne, Enner Valencia
Lucas Digne face à l'Equateur, lors de la Coupe du Monde 2014 / Jean Catuffe/GettyImages

90min - Quelles seraient les principales différences entre le Lucas Digne du Brésil 2014, et le potentiel Lucas Digne des Etats-Unis 2026 ?

L.D - Déjà, j'ai des enfants, j'ai trois bouts de chou qui sont arrivés. Il y a pas mal de choses qui ont changé depuis 2014. En tant que personne et en tant que joueur, j'ai beaucoup évolué et j'ai plus d'expérience. J'ai vécu énormément de choses avec la sélection, j'ai connu de nombreux clubs aussi. Je suis une personne différente, mais du bon côté je pense.

90min - Quels sont tes favoris pour la Coupe du Monde 2026 ?

L.D - Je pense l'Espagne, le Portugal. Je mettrais bien aussi les Pays-Bas et l'équipe de France.

90min - Pour ce rassemblement de septembre, tu es l'un des joueurs les plus expérimentés du groupe (52 sélections) et aussi le doyen des 23. Quel rôle joues tu dans le vestiaire et notamment auprès des jeunes ?

L.D - J'ai un peu ce rôle de grand frère. Je suis là aussi pour ça. Ça fait partie de mon expérience d'avoir vécu des choses, de mettre les jeunes à l'aise le plus rapidement possible. J'essaye d'être très naturel et de profiter, de leur faire profiter aussi, parce que c'est exceptionnel d'être ici.

Lucas Digne
Lucas Digne contre l'Italie / Alessandro Sabattini/GettyImages

90min - Comment appréhendes tu les deux matchs face à l'Ukraine et contre l'Islande à l'occasion des qualifications à la Coupe du Monde ?

L.D - Je pense que ce sont des matchs piège. L'Ukraine, c'est une très bonne nation et ça ne va pas être un match facile, surtout à l'extérieur. Ensuite, l'Islande, on s'attend à un match où l'adversaire sera recroquevillé derrière, donc il faudra réussir à faire sauter le verrou. Ces deux matchs ne seront pas faciles.

90min - Justement, dans quel type de match prends-tu le plus de plaisir ?

L.D - Ça dépend. Chaque match a sa vérité. Certaines équipes vont vraiment fermer le jeu et ce n'est pas facile d'avoir de l'espace sur le côté offensivement. Chaque match est différent, et on essaie de s'adapter à chaque type d'adversaire.

Lucas Digne, un Frenchie à Birmingham

90min - Nouvelle saison, et prolongation immédiate. Tu as signé jusqu'en 2028 à Aston Villa. Comment te sens-tu à Birmingham ?

L.D - Je me sens très bien ! Ça faisait plusieurs mois, depuis l'année dernière, où ça discutait un petit peu. J'ai voulu prendre mon temps pour bien réfléchir. Mais ma priorité a toujours été de prolonger à Villa, parce que je m'y sens très bien. Le club continue d'évoluer et on a un super coach. Ma famille se sent bien aussi à Birmingham. Donc tout était réuni pour que je prolonge l'aventure.

90min - Quelle relation tu entretiens avec Unai Emery ? Comment est-il parvenu à te faire progresser à 29/30 ans ?

L.D - Encore aujourd'hui, il continue de me faire progresser. C'est un coach qui insiste vachement sur la vidéo, sur le travail tactique et sur ce qu'il se passe sur le terrain. Il se fout de l'âge du joueur.
Peu importe qu'on ait 18 ans ou 30 ans, il va vouloir travailler de la même manière, il va essayer de nous donner le maximum de conseils.

Quand il est arrivé, il m'a fait changer ma façon de défendre. Je devais défendre avec l'autre profil que celui auquel j'étais habitué. Il a fallu que je m'adapte, ç'a pris un peu de temps car je devais changer toutes mes habitudes. Il m'a beaucoup aidé, et au final, ça marche super bien avec lui.

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Lucas Digne et Unaï Emery - Aston Villa / GEOFF CADDICK/GettyImages

90min - Tu es arrivé en Premier League en 2018 à Everton et tu as prolongé jusqu'en 2028. Si tu restes à Villa jusqu'au bout de ton contrat, tu seras resté 10 ans en Premier League. Quelle est la recette pour y parvenir ?

L.D - C'est vrai, c'est pas mal (rires). La recette, c'est le travail. Prendre soin de son corps, faire attention à énormément de choses, être professionnel. C'est ce que je fais, et j'essaye d'en profiter le plus longtemps possible.

On a une séance le matin avec l'équipe et l'après-midi, après avoir été chercher mes enfants, je fais une deuxième séance à la maison. Ca peut durer 30 à 40 minutes, des étirements, du gainage, du renforcement... ça dépend. Mais tous les jours, je fais une deuxième séance d'entrainement en individuel.

90min - L'une de tes forces, c'est d'être un gros bosseur ?

L.D - Oui, ça en fait partie, c'est certain. De toute façon, je pense que pour réussir à l'heure actuelle, il faut avoir envie de bosser, il faut aimer ce qu'on fait. Moi, j'adore ça. Il faut y dédier sa vie entière.

90min - Peux-tu nous expliquer ta célébration devenue mythique à Villa Park ?

L.D - Ah ça (rires) ! C'est venu tout bêtement du chanteur DJ Khaled, qui faisait "Another One" avant chacune de ses musiques. Il y a eu une période où on gagnait beaucoup de matchs à domicile avec Villa, et on en discutait avec des coéquipiers. Ca m'est venu comme ça. J'ai marqué, je suis passé à la caméra et j'ai fait cette célébration dans l'euphorie. Ensuite c'est resté. Les supporters ont adoré et du coup maintenant, c'est un jeu entre nous.

Lucas Digne
Lucas Digne contre Luton en 2024 / Michael Regan/GettyImages

90min - Tu préfères marquer ou adresser une passe décisive ?

L.D - Franchement, les deux, c'est pareil. La sensation, c'est la même. Enfin, à mes yeux en tout cas. Après, un buteur, il va te dire qu'il préfère marquer (rires).

"Le quart de finale de Ligue des Champions face au PSG, c'était du kiff !"

Lucas Digne, équipe de France

90min - Comment avais-tu vécu le quart de finale de la Ligue des Champions face au PSG l'an dernier ?

L.D - Honnêtement, c'était du kiff ! C'était génial de pouvoir jouer contre une équipe comme Paris à ce stade de la Ligue des champions, avec un match à enjeu comme ça. C'était incroyable aussi de pouvoir revenir au Parc des Princes lors du match aller. Ma famille aussi était venue, donc c'était juste top !

Desire Doue, Lucas Digne
Lucas Digne au duel avec Désiré Doué - Aston Villa - PSG 2024 / Jean Catuffe/GettyImages

Au match retour, c'était différent et on savait qu'à domicile, on était capable de faire quelque chose. Ça ne s'est pas joué à pas grand-chose pour accrocher les prolongations. Mais c'est le foot et c'est pour ce genre de matchs qu'on vit. C'était des superbes émotions.

90min - Quel a été ton sentiment quand le PSG, ton ancien club, a remporté la Ligue des Champions ?

L.D - J'étais très content. Je suis arrivé au début du projet, et voir que le club grandit et continue à grandir, c'était fort. Cette victoire en Ligue des Champions était méritée car le PSG avait fait une superbe saison.

Luis Enrique
Luis Enrique et le PSG, vainqueurs de la Ligue des Champions / Carl Recine/GettyImages

90min - Cette saison, Aston Villa disputera l'Europa League. Avec Unaï Emery comme entraineur, c'est forcément un objectif ?

L.D - On a le boss de la compétition. Avoir un coach qui a énormément d'expérience comme ça dans cette compétition là, c'est forcément un atout pour nous et on va essayer d'en tirer le maximum.

Aston Villa n'a pas gagné de trophée depuis 30 ans. Remporter quelque chose, ce serait vraiment top. On veut remettre le club à sa place. Depuis quelques années, on est très bien et on progresse. Si on peut apporter un trophée à nos fans, ce serait super.

Aston Villa v AFC Ajax: Round of 16 Second Leg - UEFA Europa Conference League 2023/24
Villa Park / Michael Regan/GettyImages

L'homme Lucas Digne

90min - Tu as été coaché par certains des plus grands noms (Ancelotti, Enrique, Deschamps, Emery...). Est-ce une fierté ?

L.D - Oui car ça veut aussi dire que j'ai fait énormément de grands clubs aussi. Les deux sont liés. C'est une grande fierté d'avoir évolué sous les ordres de grands coach comme ceux-là. J'ai pu recevoir beaucoup de conseils et apprendre énormément de choses. C'est grâce à eux si j'ai eu cette carrière là.

90min - Tu peux nous parler de cette saison 2016-2017, au grand Barça de la MSN ?

L.D - Je n'ai même pas les mots. C'était juste fabuleux. Pour moi, c'était le club de mes rêves, donc pouvoir jouer au Barça, c'était incroyable. Et côtoyer les meilleurs joueurs du monde... On vit pour ça quand on est enfant. Le fait de les voir en match, c'était énorme, mais les voir au quotidien, à l'entrainement, c'était encore autre chose. C'était juste du kiff.

Lionel Messi, Lucas Digne, Luis Suarez
Lucas Digne avec Lionel Messi et Luis Suarez au FC Barcelone - 2017 / Jean Catuffe/GettyImages

90min - Tu parlais du fait que tu es devenu papa. Qu'est-ce que ça change dans une carrière ?

L.D - Ça représente vraiment tout. Ça a changé complètement ma manière de voir les choses, de voir la vie en général et le foot aussi. Parce qu'avant d'être papa, ma vie est consacrée à ma femme et au foot. Et du jour au lendemain, tout est consacré à mes enfants. Donc tu relativises tout. Après un match, quand tu reviens à la maison, tu es dans ta bulle avec tes enfants, tu coupes un peu, ça te permet de beaucoup couper. Et ils t'apportent aussi une deuxième jeunesse. Quand mon fils s'est rendu compte que j'allais en équipe de France, ça a fait quelque chose et c'est très cool.

90min - Est-ce qu'on pourrait voir d'autres Digne en équipe de France dans quelques années ?

L.D - Oh là là, il faut leur demander (rires). Tout ce que je leur souhaite, c'est qu'ils soient heureux et en bonne santé.

90min - Quand toi tu étais enfant, tu as débuté ta carrière en tant qu'attaquant. Qu'est-ce que ça aurait donné, Lucas Digne attaquant ?

L.D - Ca n'aurait pas donné de carrière, je pense (rires). Je suis arrivé à Lille à 12 ans et jusqu'à mes 14, je jouais ailier. Mais un de mes coachs m'a dit qu'il me verrait bien arrière gauche. Il m'a dit qu'il pensait que je pouvais faire carrière à ce poste. Donc j'ai commencé à ce poste là, et j'ai adoré ça.

90min - Quels joueurs t'ont inspiré, plus jeune ?

L.D - Zinédine Zidane, Thierry Henry... Des attaquants en fait. Il y avait aussi Roberto Carlos, qui était l'un des premiers latéral à prendre son couloir et il était assez impressionnant et spectaculaire.

Roberto Carlos
Roberto Carlos / Laurence Griffiths/GettyImages

90min - Et le joueur adverse qui t'a le plus impressionné ?

L.D - Sans aucun doute, Lionel Messi.

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