Interview exclusive - Griedge Mbock : "Jouer les J.O à domicile, c'est une nouvelle chance qui s'offre à nous"

  • Depuis 2015, Griedge Mbock fait le bonheur de l'OL.
  • La défenseure tricolore est également très importante chez les Bleues.
  • Âgée de 29 ans, la joueuse confie ses gros objectifs dans les prochains mois, avec notamment les J.O.

Griedge Mbock est l'une des cadres des Bleues.
Griedge Mbock est l'une des cadres des Bleues. /
facebooktwitterreddit

C'est désormais dans un peu moins de 100 jours que les Jeux olympiques vont donner leur coup d'envoi en France ! Une compétition plus attendue que jamais par les Bleues. En quête d'un premier grand sacre, pourquoi ne pas aller le chercher devant leurs supporters ? Hervé Renard peut compter sur plusieurs des meilleures joueuses de la planète, dont Griedge Mbock.

Portant le maillot de l'OL depuis 2015, la défenseure tricolore a su retrouver son meilleur niveau, après une grave blessure qui l'a empêchée de disputer la Coupe du monde 2023. Elle n'aura pas mis longtemps à refaire l'unanimité en club, mais également en sélection nationale.

Celle qui est âgée de 29 ans s'est confiée en exclusivité à 90min sur la fin de saison rhodanienne, le choc de Ligue des Champions face au PSG, mais également sur les JO 2024.


90min - Pour débuter, comment cette passion pour le football est arrivée dans ta vie ?

Griedge Mbock - Tout simplement, grâce à mon grand-frère. Il a joué quand il était plus jeune, il continue à jouer aujourd'hui. On est une fratrie de footballeurs. Mes premiers souvenirs étaient dès l'âge de trois ans. Ensuite, je me suis inscrite en club à l'âge de six ans.

90min - Aujourd'hui, tu es l'une des meilleures défenseures de la planète. Mais as-tu toujours joué à ce poste ?

G.M - Je n'ai pas commencé par défendre. Quand j'étais plus jeune, je jouais au milieu de terrain. En avançant dans les catégories de jeunes, les coachs m'ont replacé à ce poste. J'y ai pris beaucoup de plaisir et j'en prends encore aujourd'hui, même si ça peut paraître bizarre pour certaines personnes. Mais c'est vrai que j'ai fait pas mal de postes, au milieu, mais aussi en latérale pour dépanner.

90min - A quel moment bascules-tu en charnière centrale ?

G.M - Lors de mon arrivée dans la catégorie moins de 13 ans, je jouais plutôt au milieu de terrain. C'est un de mes coachs en moins de 13 ans qui m'a replacée en défense centrale. Je jouais avec les garçons, ça allait beaucoup plus vite. C'était beaucoup plus physique. Il a trouvé que ça me correspondait bien. Avec le temps, j'ai appris à jouer à ce poste et à l'aimer.

90min - Quel était ton modèle lorsque tu as commencé à jouer dans l'axe ?

GM - À l'époque, il y avait une charnière que j'aimais. C'était la charnière Samuel Umtiti - Raphaël Varane. En parallèle, je jouais en Équipe de France jeunes. Avec l'une de mes amies encore aujourd'hui, Aïssatou Tounkara, on formait la charnière centrale en Équipe de France jeunes. On aimait beaucoup se comparer à ce duo.

Dans le football féminin, c'était plus compliqué d'avoir un exemple, puisque les matchs ne passaient pas à la télé. Au fur et à mesure, quand le football féminin a été un peu plus exposé, j'ai grandi avec les Wendie Renard et Laura Georges en défense centrale. Jouer avec elles m'a permis d'acquérir encore plus d'expérience.

Griedge Mbock, Aissatou Tounkara
Griedge Mbock et Aïssatou Tounkara ont pris la charnière Varane - Umtiti comme modèle. / Eurasia Sport Images/GettyImages

90min - En 2010, tu arrives dans la section féminine du Stade Briochin, qui sera ensuite incorporée à l'EA Guingamp. C'est le club de tes débuts en D1. Est-ce que tu gardes encore des contacts avec des personnes du club aujourd'hui ?

G.M - Je suis encore en contact avec certaines personnes du club. Elles continuent de suivre ma carrière, mon évolution. Quand je me suis blessée (Griedge Mbock a notamment raté la Coupe du monde 2023 en raison d'une blessure, ndlr), j'ai reçu pas mal de soutien. Elles en faisaient partie. C'est le club avec lequel j'ai débuté en D1, il y a presque 15 ans. Ça s'est super bien passé, même si lors de mon arrivée, j'étais un peu partagée.

J'avais un sentiment de tristesse, parce que je quittais les garçons. J'ai vraiment apprécié jouer avec eux. En même temps, c'était un nouveau chapitre qui allait s'écrire. J'allais débuter dans l'élite du football tricolore féminin. C'était un cap à passer. J'étais vraiment partagée entre ces deux sentiments.

90min - C'est à 15 ans seulement que tu débutes en D1. As-tu eu un sentiment de devoir accompli après avoir réalisé un objectif que tu avais en tête depuis si longtemps ?

G.M - Pas forcément. Je me disais que ce n'était qu'une étape. Mon souhait le plus précieux était d'aller jouer en Équipe de France et en Ligue des Champions. Je me disais que c'était le début. Parce que déjà, c'était nouveau pour moi et que ce n'était qu'une étape pour aller au plus haut niveau.

"J'avais déjà le rêve d'aller jouer en Équipe de France, et pour moi, j'allais jouer avec les garçons si j'étais assez forte pour ça. "

Griedge Mbock, pour 90min

90min - Est-ce lors de tes débuts en D1 que tu as pris conscience que le football allait être ton métier ?

G.M - J'ai toujours voulu en faire mon métier, même quand j'étais petite. C'est ce que j'écrivais sur les bouts de papier distribués à l'école pour nous demander ce qu'on voulait faire plus tard. Même si à l'époque, ce n'était pas encore forcément un métier, ça a toujours été dans ma tête. Au fil des années, on a compris que ça pouvait être possible.

J'en ai pris conscience quand j'ai commencé à faire les détections pour les équipes départementales, régionales et les rassemblements avec l'Équipe de France jeunes. C'est à partir de ces moments-là qu'on nous parlait un peu plus du football féminin, de l'Équipe de France. Parce qu'à cette époque, les médias n'en parlaient pas beaucoup.

Il faut savoir que lorsque j'étais beaucoup plus jeune, je ne savais pas qu'il y avait une équipe de France féminine. J'avais déjà le rêve d'aller jouer en Équipe de France, et pour moi, j'allais jouer avec les garçons si j'étais assez forte pour ça.

90min - C'est en 2015 que tu arrives à l'OL. C'est le transfert le plus élevé de l'histoire de la D1 à cet instant. De quoi te mettre une pression particulière sur les épaules ?

G.M - J'avais connaissance de ça, mais l'argent du transfert, je ne l'ai jamais touché. Ce n'était donc pas mon problème, mais celui des clubs. Je n'ai pas ressenti de pression particulière. C'est tout de même flatteur d'avoir ce genre de données durant sa carrière. Personnellement, ça ne changeait rien pour moi, à part que j'arrivais dans un club où j'allais avoir l'opportunité de jouer une compétition que je voulais jouer depuis petite.

90min - Depuis, tu formes l'une des meilleures charnières du monde avec Wendie Renard. Comment expliques-tu cette belle entente entre vous deux depuis tant d'années ?

G.M - Avec Wendie, on a une entente assez particulière. On se connaît depuis longtemps. On se complète assez bien. Ça fait tellement d'années qu'on joue ensemble qu'on sait ce que l'autre va faire. On n'a pas forcément besoin de trop se regarder ou se parler sur le terrain. On a cette entente assez naturelle. C'est vrai que ça aide sur le terrain. Même en dehors, on a une très belle entente.

FBL-EURO-2022-WOMEN-GER-FRA
Wendie Renard et Griedge Mbock font le bonheur des Bleues et de l'OL. / FRANCK FIFE/GettyImages

90min - Revenons sur les objectifs de la saison. Il y a eu cette désillusion en Coupe de France, mais il y a encore un gros objectif sur le plan national : la D1 Arkema. Il y a le nouveau format avec l'arrivée des play-offs. Quel est ton ressenti concernant cette nouveauté ?

G.M - Ce n'est pas forcément ce que j'aurais fait. C'est vrai que ça ajoute de l'enjeu sur la fin du championnat. Mais pour moi, le principe du championnat, c'est de valoriser l'équipe qui a été la plus régulière du début à la fin. Le fait d'avoir mis les play-offs en place, ça casse un peu le format de base. Ça peut nous gâcher la saison, même si on a pour ambition de tout gagner. On se dit qu'on peut perdre tout le travail fait sur la saison sur un seul match. Après voilà, ça a été mis en place. Je pense que ça va le rester quelques saisons encore. C'est à nous de faire en sorte de rester sérieuses, rigoureuses et d'aller chercher ce titre, malgré le format mis en place.

90min - Est-ce que les instances vous ont demandé votre avis concernant cet ajout ?

G.M - Je ne sais pas si l'avis du club a été demandé. Nous, on nous en avait parlé. On n'a pas forcément été écoutées. Après, je pense que pour les autres équipes, ça peut les avantager. Si on gagne tous les matchs de la saison régulière, mais qu'il y a une chance de nous battre sur un match, pour le titre... Il n'y a aucune équipe qui ne serait pas favorable à ça.

90min - Il y a un autre gros objectif pour l'OL, c'est la Ligue des Champions. On connaît l'affiche de la demi-finale, ce sera face au PSG. Comment allez-vous aborder cette double confrontation ?

G.M - On était déjà super contentes de se qualifier. Ce n'était pas un tour facile face au Benfica, qui a une très belle équipe. Concernant le PSG, c'est encore assez loin. Il va y avoir pas mal d'échéances avant. C'est assez compliqué de pouvoir bien travailler. On a énormément d'internationales, le PSG aussi. Des joueuses vont voyager un peu partout dans le monde (ndlr : l'interview a été réalisée avant la trêve internationale). Ça nous laisse peu de temps pour travailler.

Ce sont des rencontres que l'on attend avec impatience. C'est une demi-finale de Ligue des Champions. On connaît l'engouement qu'il y a autour de cette compétition. C'est un duel 100% français donc c'est encore plus excitant. On va essayer de se préparer au mieux pour l'aborder de la meilleure des façons et d'essayer de remporter ces deux matchs. Ça va être un beau duel, un gros duel. Parce qu'en face, il y a une bonne équipe.

90min - Tu joues la Ligue des Champions depuis de longues années et tu as pu connaître les deux formats. Que penses-tu de cette évolution, avec l'arrivée de la phase de poules ?

G.M - Ça va vers le mieux. C'est positif pour nous. Ça montre aussi que le niveau s'élève et qu'il y a plus d'équipes qui peuvent prétendre à se qualifier pour la Ligue des Champions. Pour nous, c'est bien parce que c'est aussi calqué sur le modèle des garçons. Ça montre encore plus de considération pour nous et notre pratique. C'est une bonne évolution. On dispute aussi plus de matchs européens, donc c'est un plus.

"Ça progresse et j'espère que ça continuera dans les années qui arrivent. On l'a vu contre Benfica. C'est une équipe qui a énormément progressé."

Griedge Mbock, pour 90min

90min - L'écart s'est resserré entre les gros clubs. Il y a encore quelques années, l'OL dominait outrageusement le football féminin européen. Désormais, il y a des clubs qui sont montés en puissance comme le Barça notamment. Comment as-tu vécu cette évolution ?

G.M - Il y a beaucoup plus d'équipes. Le niveau se resserre. On a vu l'émergence du Barça. C'est bien qu'il y ait de plus en plus d'équipes et notamment de gros clubs européens qui puissent investir dans leur section féminine. Ça apporte encore plus d'adversité et d'intérêt pour la compétition. C'est une bonne chose. Ça élève aussi le niveau. Il y a cinq ou six ans, on a marqué l'histoire. On a gagné pas mal de Ligues des Champions.

Désormais, il y a beaucoup plus d'adversité. C'est bien pour nous, c'est bien pour le foot féminin. Ça progresse et j'espère que ça continuera dans les années qui arrivent. On l'a vu contre Benfica. C'est une équipe qui a énormément progressé. On a pu les jouer en 2021 et elles n'avaient pas ce niveau-là. On voit que ces équipes commencent à investir. C'est bien pour le football féminin européen, parce que ça permet d'avoir un meilleur niveau. Ça attire le public.

90min - On le voit aussi chez les Bleues. Désormais, il y a de nombreuses internationales françaises qui jouent à l'étranger. Est-ce que d'ici la fin de ta carrière, ça pourrait être une envie de découvrir un nouveau championnat ?

G.M - C'est une porte que je ne ferme pas. Je suis à Lyon depuis neuf ans. Je m'y sens bien. J'ai gagné de nombreux titres. Ce n'est pas une idée à exclure de jouer un jour à l'étranger. Aujourd'hui, il y a énormément de pays qui ont progressé, qui misent sur le foot féminin. Pourquoi pas ! En ce moment, je suis vraiment focus sur les objectifs qu'on a sur la fin de saison avec l'OL. Ensuite, j'aurai le temps de réfléchir. Pour l'instant, je suis vraiment focus. Je ne me torture pas l'esprit avec cette question.

90min - Depuis ton arrivée à Lyon, tu enchaînes les trophées. En revenant en arrière, au moment où tu signes, t'attendais-tu à connaître autant de succès ?

G.M - Je m'attendais à connaître des succès. C'est une équipe qui est programmée pour tout rafler. C'est le président Aulas qui avait misé sur cette équipe. C'est lui aussi qui est venu me chercher quand j'étais à Guingamp. Pour ça, je lui en suis reconnaissante à vie. C'est une équipe qui est programmée à gagner chaque année. Elle va chercher les meilleures joueuses, en France ou à l'étranger. Elle veut garder son équipe au top niveau. Je ne pensais peut-être pas gagner autant de titres. Mais je m'imaginais avec ces titres-là.

En regardant en arrière, je me dis que je suis chanceuse d'être dans cette génération. D'avoir remporté autant de titres, c'est une fierté. Je n'arrive peut-être pas encore à me dire que j'ai fait tout ça, parce que je suis encore dedans. Quand j'arrêterai ma carrière et que je regarderai ce qu'on a fait, je me dirai qu'on est vraiment dans l'histoire. Il n'y a peut-être aucune équipe qui refera ce qu'on a fait ces années-là.

FBL-EUR-C1-WOMEN-BARCELONA-LYON
Griedge Mbock en a connu des succès à Lyon. / MARCO BERTORELLO/GettyImages

90min - Tu as pu évoquer Jean-Michel Aulas. Comment le vestiaire lyonnais a-t-il vécu son départ ?

G.M - Ça a été dur. C'est quelqu'un qui représente beaucoup pour nous, notre section féminine et le foot féminin français en général. On était très proches de lui, ça a été compliqué. Quand j'ai eu la nouvelle, j'étais dans le train et j'ai lâché des larmes. Il était amoureux de sa section féminine. Il nous a toujours aidées. J'espère qu'on le lui a bien rendu. C'est quelqu'un pour qui on a énormément d'estime et qui est, encore aujourd'hui, en contact avec nous.

On a la chance de le retrouver dans les hautes sphères du football français. Il continue de nous aider à travers l'Équipe de France aussi. On peut bénéficier de son expertise et de sa vision. C'est une bonne chose. Aujourd'hui, on est passées dans une nouvelle ère, avec Michele Kang. Elle est aussi très ambitieuse. Elle veut vraiment donner encore plus de place à la section féminine de l'OL. Elle y met les moyens comme Jean-Michel Aulas à l'époque. On a commencé à prendre nos marques. Dans les prochaines années, ça sera encore plus grand.

90min - Qu'est-ce que Michele Kang apporte de différent depuis son arrivée ?

G.M - La particularité, c'est que Michelle Kang est la propriétaire. Elle a aussi d'autres clubs. Elle est plutôt basée aux États-Unis. Elle est un peu moins présente que Jean-Michel Aulas, mais elle essaye d'être là régulièrement, pour venir nous soutenir. Elle était présente pour la demi-finale retour de Ligue des Champions face au Benfica. On échange parfois avec elle pour savoir comment améliorer nos conditions. Elle est très à l'écoute. C'est une femme qui est très ambitieuse. Elle nous aide pour que l'OL féminin reste au plus haut niveau. Elle développe aussi toute une économie viable autour de la section féminine. C'est une femme qui sait ce qu'elle veut.

90min - Pour parler de ton expérience internationale, je voulais débuter avec les sélections de jeunes. Tu remportes la Coupe du monde U17 en 2012, en étant élue meilleure joueuse de la compétition, puis l'Euro U19 l'année suivante. Ces succès t'ont-ils permis d'atteindre ton niveau actuel ?

G.M - Forcément. Ce sont des étapes qui permettent de gagner en expérience. Ces compétitions en jeunes permettent d'apprendre à aborder des grandes compétitions. C'est notamment le cas de la Coupe du monde U17 en Azerbaïdjan. Il y avait énormément de monde. À cet âge, réussir à gérer la pression n'est pas forcément facile. C'est vrai que ça aide, ça donne des clés pour la suite. Il n'y a pas eu que les succès qui m'ont aidé. Il y a aussi les différentes défaites. C'est formateur d'avoir des étapes qui peuvent nous aider pour le plus haut niveau. C'est comme si c'était une sorte d'entraînement, même si c'est reconnu et que ça va rester sur le palmarès. Ça donne de l'expérience et ça laisse aussi de beaux souvenirs.

"C'est dommage de ne pas avoir pu se servir de cette Coupe du monde, pour faire encore mieux au niveau du foot féminin en général. C'est mon plus gros regret. "

Griedge Mbock, pour 90min

90min - Tu viens de parler de tes échecs. Quel a été celui qui a été le plus difficile à oublier ?

G.M - C'est la Coupe du monde 2019 à domicile. C'était dur parce que déjà c'était à domicile et on ne le vit pas souvent dans une carrière. On aurait pu faire beaucoup mieux. Il nous a manqué pas mal de choses. C'est vrai que ça faisait mal. On avait ce sentiment où on se dit qu'on n'a pas fait ce qu'on aurait dû faire. C'était à domicile, devant nos proches, nos supporters. Il y avait énormément d'engouement. Le fait que ça s'arrête en quarts brutalement, ça a été dur. Et l'atmosphère après... Sachant que c'était en France, rentrer chez soi et voir que la finale se passe à Lyon, alors que j'habite à cinq minutes du stade.

On a raté un tournant en perdant aussi prématurément. C'était en train de prendre et on n'a pas pu s'en servir pour la suite. On aurait pu s'en servir pour améliorer les conditions du foot féminin, pour garder l'intérêt du public et gagner en visibilité. Il y a eu cet élan un ou deux mois après la Coupe du monde. Après, ça s'est essoufflé. C'est dommage de ne pas avoir pu se servir de cette Coupe du monde, pour faire encore mieux au niveau du foot féminin en général. C'est mon plus gros regret.

90min - On sent toutefois que le sacre se rapproche depuis quelques compétitions pour les Bleues. Il y a notamment une défaite aux tirs au but en quarts de finale de la dernière Coupe du monde. Et le prochain grand événement revient en France, avec les Jeux olympiques. Est-ce que ce ne serait pas le moment d'oublier la désillusion de la Coupe du monde à domicile ?

G.M - On se dit que c'est l'occasion. Comme je le disais, jouer une compétition internationale dans son pays, c'est une chance et on n'en vit pas énormément. Quand ça arrive, il faut savoir la prendre et se préparer au mieux pour aborder la compétition. Jouer les Jeux olympiques à domicile, c'est une nouvelle chance qui s'offre à nous. On se dit que c'est la bonne année. C'est vrai qu'il y a pas mal de choses qui se sont passées qui sont mieux. Maintenant, il faut qu'on continue à travailler pour performer encore mieux et être encore plus fortes collectivement. Réussir à aller chercher un premier titre en Bleues ça serait vraiment une belle chose. C'est tout ce que je nous souhaite. J'espère qu'on arrivera à aller chercher ce trophée après lequel on court depuis tant d'années.

90min - Tu étais absente en raison d'une blessure lors de la dernière Coupe du monde. Est-ce que ça ne rend pas ces Jeux olympiques encore plus importants pour toi ?

G.M - C'est toujours une déception de ne pas pouvoir jouer une grande compétition. On se dit alors qu'on va être prête pour la compétition qui arrive après. C'est ce que je me suis attelée à faire. Je me suis mis dans la tête de pouvoir faire les Jeux olympiques de Paris, de faire une saison pleine avant et de remporter des titres avec mon club pour être en forme. C'est une chance. Je souhaite vraiment y participer et pas qu'y participer d'ailleurs. Faire en sorte de ramener un titre à l'Équipe de France féminine. C'est une compétition que j'attends. Ce sont les JO en France et ça pourrait être un premier titre pour les Bleues. Tout ça réunit, ça donne envie. J'espère être prête pour l'événement.

90min - Tu as été convoquée pour le début des éliminatoires de l'Euro féminin (les Bleues ont remporté leurs deux premières journées face à l'Irlande et la Suède, ndlr). Ce nouveau format des qualifications va vous faire affronter la Suède et l'Angleterre avant même la phase finale. Est-ce une bonne chose de retrouver de telles nations aussi prématurément ?

G.M - Retrouver de telles nations, c'est bien. Ça donne encore plus d'intérêt aux qualifications de l'Euro. Le nouveau format de Nations League a déjà permis ce genre de confrontations. Après, je ne sais pas si, par rapport aux différents calendriers, c'est une bonne chose de mettre autant de gros matchs, avec autant d'intensité, en pleine saison. D'un autre côté, c'est vrai que ça donne encore plus d'intérêt. Ça permet aussi se jauger avant une grande compétition comme les Jeux olympiques, de pouvoir voir ce qu'on peut dégager face à ces équipes. Elles ne seront pas aux JO, mais on pourrait les rencontrer à l'Euro en cas de qualification. Jouer de gros matchs en sélection, c'est une bonne chose pour se jauger et voir où on en est et continuer à travailler.

90min - De ton côté, tu as su retrouver une place dans le onze de départ des Bleues après ton retour de blessure. Désormais, c'est Hervé Renard qui est la tête de la sélection. Qu'est-ce qui a changé depuis son arrivée ?

G.M - Il y a énormément de choses qui ont changé. Le staff est plus étoffé. Concernant l'encadrement, il y a beaucoup de choses qui ont changé. On a de bonnes conditions pour travailler. On a un staff qui est présent, à l'écoute et qui échange. On essaye d'avoir cette harmonie entre le staff et les joueuses. On est bien accompagnées. Je pense aussi que les échanges entre l'Équipe de France et le staff des différents clubs se passent bien. On essaye de travailler tous, main dans la main, pour pouvoir être le plus performant en Équipe de France.

Herve Renard
Hervé Renard est désormais le sélectionneur des Bleues. / Eurasia Sport Images/GettyImages

90min - Ces changements se voient d'ailleurs sur le terrain. Il y a eu ce joli parcours en Nations League, mais avec une défaite en finale face à l'Espagne. Comment était le vestiaire après ce revers et comment s'en relever ?

G.M - On est des compétitrices, donc quand on perd, il y a beaucoup de déception. Perdre en finale, en pleine saison, c'est encore moins facile de rebondir derrière. Ce sont des échecs qui vont nous permettre de travailler pour la suite. Gommer les erreurs d'aujourd'hui pour ne plus les commettre demain. Jouer ces matchs pendant une saison, c'est une bonne chose pour se jauger et voir les choses sur lesquelles on peut s'améliorer et travailler. Il nous reste du temps.

Ça ne peut que nous aider et nous faire grandir, même si on aurait préférées gagner. Mais ce genre d'échecs nous permet de continuer à garder notre objectif en tête et continuer à travailler pour toujours s'améliorer et ne pas se reposer sur nos acquis. Il faut se remettre en question à chaque rassemblement, à chaque match, chaque entraînement et essayer de gommer les petites erreurs qui peuvent nous être fatales pendant les matchs de ce calibre.

Formé au Stade Lavallois et passé par l'Olympique Lyonnais, Oumar Solet a rejoint, en 2020, l'ambitieux Red Bull Salzbourg. Pilier de la défense du champion d'Autriche, il s'est confié en exclusivité pour 90min. Il évoque son parcours, ses rêves de grand club, de football international et l'Euro 2024, où l'équipe de France croisera le fer avec son pays d'adoption, l'Autriche.

Abonnez-vous à notre chaîne Youtube !